Nice-Matin (Cannes)

«Lemérite» de Vieira

Avec un effectif très jeune et réduit, le coach niçois réalise la prouesse d’être mathématiq­uement en course pour la 4e place et l’Europe. Luis Fernandez et Olivier Echouafni sont sous le charme

- WILLIAM HUMBERSET

Jamais une équipe de Ligue 1 n’avait compté autant de points avec si peu de buts marqués (voir chiffre). Le Gym de Patrick Vieira flirte avec le miracle cette saison, la double confrontat­ion gagnante face à l’OL ne faisant que renforcer cette idée. En 24 journées, Nice a marqué un petit but de plus que Mbappé... qui ne compte que 17 apparition­s en L1. « Par rapport à l’effectif qu’il a sur le plan offensif, je me dis qu’il fait des exploits, » résume Olivier Echouafni, ancien Aiglon désormais entraîneur des filles du PSG.

Certes le Gym affiche la cinquième meilleure défense du championna­t, mais le retrouver à la lutte avec Montpellie­r (31 buts), SaintEtien­ne (33) et Marseille (38) dans le peloton en course pour la 4e place est une anomalie dans laquelle Patrick Vieira a un rôle prépondéra­nt.

« Cette place, c’est son mérite, comme celui de son staff aussi. C’est du travail, préfère retenir Luis Fernandez. Et je ne suis pas du tout surpris quand je repense au jeune joueur que j’avais lancé à l’AS Cannes. » Olivier Echouafni se souvient de ce jeune milieu de terrain qui avait rapidement conquis la Croisette avant de séduire l’Europe. « J’ai beaucoup

‘‘ de respect pour l’homme, le joueur qu’il a été. Il avait un avenir tout tracé pour devenir entraîneur. Parce qu’il a toujours été face au jeu d’abord. Et beaucoup d’anciens joueurs devenus entraîneur­s étaient dans cette position qui leur permet d’avoir une meilleure vision des spécificit­és de chaque poste. » C’est le premier argument qui distingue Vieira dans la comparaiso­n avec Thierry Henry, un autre champion du monde 98 qui n’a pas connu la même réussite. Luis Fernandez va plus loin, occultant volontaire­ment Didier Deschamps de son raisonneme­nt, comme si le sélectionn­eur des Bleus était l’exception qui confirme la règle.

« Il y a deux exemples de réussite : Zidane et Vieira. Zizou a été ambassadeu­r, directeur sportif, entraîneur du “Castilla”... Commencer d’en bas ne peut que t’aider. C’est faire preuve d’une certaine humilité, apprendre en engrangean­t de l’expérience, mettre en place sa méthodolog­ie et son style... Henry était entraîneur-adjoint en sélection, il a peut-être pensé que le passé du joueur qu’il a été suffisait pour entraîner. Non, il faut d’abord acquérir de l’expérience. Zizou et Patrick ont grimpé petit à petit pour obtenir la récompense de leur humilité. » Un parcours qui a également permis à Patrick Vieira de mieux appréhende­r les qualités et les défauts de la jeunesse moderne. « J’ai eu dernièreme­nt l’occasion d’aller à Manchester pour voir Arteta et Guardiola. J’ai également discuté avec le directeur de l’Academie, il ne m’a dit que du bien de Patrick Vieira et son travail, ajoute Luis Fernandez . Il a des jeunes de qualité dans son groupe, il comble leur manque d’expérience par la sienne. Je suis content pour lui parce qu’il ne me semble pas qu’on lui ait donné tous les moyens d’entraîner l’OGC Nice. »

Confronté au départ du binôme Rivère-Fournier pour lequel il s’était engagé et peu soutenu par l’immobilism­e des actionnair­es sur le mercato d’hiver, le grand Pat’ n’est jamais sorti de ses gonds en public. Peu friand de la langue de bois, Vieira préfère masquer ses inquiétude­s par une sérénité à toute épreuve face aux médias. « Si au fond de lui il n’est

‘‘ pas satisfait de la situation, il n’a pas envie que sa colère se traduise dans le jeu ou les résultats de son équipe, décrypte Chouf’. C’est la marche à tenir pour ne pas que les jeunes joueurs s’éparpillen­t, pour qu’ils restent concentrés sur l’entraîneme­nt et la compétitio­n. C’est une exigence de tous les instants et Patrick est très bien placé pour le savoir. » Nul sait jusqu’où Vieira pourra mener son équipe, mais sa première saison donne envie de le voir perpétuer son travail à l’OGC Nice, avec des moyens supplément­aires à l’avenir. C’est l’espoir de tous les supporters, qui l’acclament désormais à chaque match.

« Il a une aura, du charisme. Je ne suis pas étonné que ce soit devenu l’homme fort de l’OGC Nice », observe Echouafni. Qu’il soit à Nice ou ailleurs, Luis Fernandez est convaincu que l’avenir de Vieira est déjà tracé. « La saison n’est pas terminée mais il a déjà pratiqueme­nt réussi à nous montrer sa dimension en tant que coach. Sa carrière d’entraîneur prend le chemin du très haut niveau. Je dis bravo Patrick ! »

Comme Zizou, Vieira obtient la récompense de son humilité ”

Pour son aura et son charisme, c’est l’homme fort de l’OGC Nice”

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(Photo Jean-François Ottonello)

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