« Une femme violée chaque nuit »
Selon l’Aide sociale à l’enfance (ASE), Hamid (1) n’est pas mineur. C’est ainsi qu’en a décidé la personne qui l’a entendu durant 45 minutes. Cet Ivoirien au visage juvénile n’avait aucun papier sur lui. Et pour cause, le gamin de quinze ans revient de l’enfer libyen, où il a été torturé, dépouillé. Vous ne verrez pas son visage, seulement ses mains. Il a peur des autorités.
Hamid a traversé plusieurs pays. Dans le désert, le camion affrété par les passeurs, où il se trouvait, a été arrêté par des Touaregs. « Avec les femmes, ils ont fait des trucs bizarres, sexuels. J’ai eu peur. Ça m’a fait pleurer de voir ce qu’ils faisaient avec les femmes. C’est la première fois que je voyais ça. Ils l’ont fait trois fois devant nous, sans se cacher. » Le gamin souffre d’insomnies régulières. En Libye, où les passeurs l’ont conduit, il a été enfermé dans l’enfer de la prison de Sabratha. Frappé à la tête à coups de crosse. Il en garde les cicatrices. « Chaque nuit, ils venaient prendre une femme pour la violer. Nous les hommes, on était frappés, torturés. »
Remis à la rue après son entretien, car considéré comme majeur, sans abri, le gamin perdu a appelé, paniqué, l’association « Tous citoyens ! » Les bénévoles l’ont recueilli, ont téléphoné à sa grande soeur, restée au pays. Elle a envoyé l’acte de naissance original. Il devrait permettre - devant le juge pour enfants - de prouver qu’il a bien quinze ans. Hamid sera fixé prochainement.