Nice-Matin (Cannes)

« Un déni de droit »

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David Nakache est président de l’associatio­n « Tous citoyens ! » qui vient notamment en aide aux migrants.

L’accueil des mineurs isolés est-il au bord de l’implosion ?

Les budgets alloués sont à l’évidence insuffisan­ts. Les éducateurs en charge de ces mineurs sont en grande souffrance. Ils craquent car on leur demande de prendre en charge des gamins avec des moyens dérisoires.

Manque de moyens ou de volonté ?

D’une façon globale, il n’y a pas de crise migratoire mais une crise de l’accueil. Il y a une volonté de ne pas accueillir dans les Alpes-Maritimes.

Ce n’est pas ce que dit le préfet...

Non, mais il est au coeur d’un dispositif organisé, délibéré, d’entrave à la protection de l’enfance. C’est grave. C’est un déni de droit.

Peut-on évaluer l’importance du nombre des mineurs qui ne passent pas par la voie officielle ?

Pour un jeune qu’on nous signale et accepte de venir au commissari­at pour une phase de mise à l’abri, trois refusent. Parmi ceux qui rentrent dans le cadre de la mise à l’abri, un sur quatre seulement sera reconnu mineur. Les autres se sauvent. Ils sont la face invisible de la détresse, de vraies bombes à retardemen­t. Que deviendron­t-ils comme citoyens ou parents ?

La prise en charge d’un jeune migrant coûterait entre€et€ euros par an.

C’est un vrai coût...

Il faut rationalis­er, arrêter de payer des nuits d’hôtel à droite à gauche, ça complique le travail des éducateurs et ça coûte cher. Arrêter avec les grandes structures comme Valbonne. Il faut des petites structures avec des profession­nels qui se connaissen­t.

Vous dénoncez les conditions d’évaluation des mineurs...

A dix reprises, en , nous avons aidé des jeunes déclarés majeurs à déposer un recours. À chaque fois le tribunal pour enfant a invalidé l’évaluation faite par l’Aide Sociale à l’Enfance et a ordonné leur placement. Pourquoi le Départemen­t refuse-t-il de revoir son dispositif d’évaluation ? Dans son salon, en haut de la guirlande de portraits de ses enfants, Valérie Auguste a accroché la photo d’un jeune Africain souriant, en tenue de ski. Cheick, Ivoirien de 16 ans, est devenu partie intégrante de sa famille.

À 47 ans, rythmés par de nombreux engagement­s associatif­s, Valérie est devenue la marraine de ce migrant mineur, à qui elle a offert une seconde chance. Cette pharmacien­ne, ex-candidate PS aux cantonales, n’en tire aucune gloriole mais savoure, en son for intérieur : « Je suis fière de vivre mes valeurs, d’avoir pu les mettre au service d’un autre. »

Valérie et sa famille appartienn­ent à ce réseau d’aidants qui ont ouvert leurs portes à des migrants, mineurs ou majeurs. « Tous citoyens ! » a tissé cette toile de solidarité, recense 65 bénévoles dont une cinquantai­ne participe à l’hébergemen­t. « Quand David Nakache a lancé cet appel à l’aide, les circonstan­ces de la vie ont fait que je pouvais accueillir ce garçon dans de bonnes conditions, pour lui comme pour moi, explique Valérie Auguste. J’étais contente

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