Nice-Matin (Cannes)

Killien Jungen : « Le destin à tendance à s’acharner »

Après des expérience­s aux Pays-Bas et en Allemagne, l’attaquant a connu deux saisons contrariée­s. Depuis le mois de janvier, il semble avoir trouvé le chemin de la rédemption

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN BOISAUBERT

Killien Jungen, attaquant explosif au parcours singulier et à la passion pour le football exacerbée s’est confié, sans détour, sur sa jeunesse, son parcours, ses blessures, ses peines, sans omettre son présent, sa saison, dans les rangs du RC Grasse. À bientôt vingt-quatre ans – il les fêtera le 16 mars prochain le natif de Purmerend (PaysBas), bourgade implantée dans la banlieue d’Amsterdam et rendue célèbre pour son marché aux vaches, se sait attendu au tournant dans son combat contre le temps, ces années, qui de son aveu, « défilent bien trop vite. » En quête de rédemption, sa saison ne fait que commencer. Killien Jungen n’attend de toute façon que ça. Se relancer, enfin.

Killien, depuis le départ de

Joseph Guelade (US Créteil Lusitanos), les cartes semblent rebattues en attaque. Avez-vous conscience qu’une place est à prendre devant ? Bien sûr ! J’ai eu la chance de débuter les deux dernières rencontres. Nous avons joué à deux devant, avec Siisu

‘‘ (Alhassan). Il y a aussi Louis (Mafouta), qui vient d’arriver et avec qui je m’entends super bien, sur et en dehors du terrain. On peut être complément­aire dans le jeu. Il faudra le montrer dès ce week-end face à Pontarlier.

Comment se passe la cohabitati­on dans le groupe avec Alhassan,

Feler et maintenant Mafouta ? Honnêtemen­t, super bien. On s’entend tous très bien. Nous sommes un bon groupe de potes. Alors oui, il y a toujours une rivalité. Comme dans tous les clubs et à tous les postes. Mais c’est une rivalité saine. Maintenant que Joseph est parti, c’est à moi de m’imposer comme titulaire en attaque.

Quel regard portez-vous sur votre saison jusqu’à présent ?

J’ai vécu une première partie de saison compliquée. Je revenais de blessure (rupture des ligaments croisés). Je n’étais pas à mon niveau. Et puis l’équipe tournait bien sans moi. C’est le football. J’ai pris mon mal en patience. J’ai beaucoup joué avec la réserve, mais je ne prenais pas trop de plaisir. L’entraîneur me faisait combler les trous au milieu. Mais j’ai pu retrouver le rythme. Aujourd’hui, c’est une nouvelle saison qui démarre pour moi. À moi de prouver sur le terrain. Je n’attends que ça.

Vos deux graves blessures, presque coup sur coup, ont un peu ralenti votre progressio­n…

C’est vrai que le destin à tendance à s’acharner. Après ma première rééducatio­n aux Pays-Bas, au centre de la Fédération hollandais­e de football, je pensais avoir fait un grand pas en avant. Mais j’en ai finalement fait trois en arrière en me blessant à nouveau quand je suis arrivé à Grasse.

Racontez-nous vos années aux Pays-Bas et vos expérience­s au Vitesse Arnhem et au FC Oss.

Je revenais souvent en vacances au Pays-Bas pour voir mes cousins et ma famille. Mais là, c’était complèteme­nt différent. Je me suis retrouvé seul, à  ans, dans un appartemen­t, loin de mes amis et de ma famille. La France me manquait. Mais ces deux expérience­s m’ont fait grandir.

Et le football, là-bas, c’est comment ?

Complèteme­nt différent ! Aux Pays-Bas, le football est très tactique et technique comparé à la France. J’ai aussi eu la chance de m’entraîner aux côtés de Gaël Kakuta [internatio­nal congolais passé par Chelsea, Séville, Amiens et aujourd’hui au Rayo Vallecano] et de Wilfried Bony [internatio­nal ivoirien passé par Swansea et Manchester City] qui parlaient tous les deux français. J’ai beaucoup appris avec ces joueurs. C’est une expérience que je n’oublierai jamais.

Et en Allemagne ?

Une belle expérience aussi. À mon arrivée, j’ai disputé un match amical contre le Herta Berlin, devant des tribunes pleines. Je me suis retrouvé contre John Heitinga [internatio­nal hollandais passé par l’Ajax Amsterdam, l’Atletico Madrid et Everton], un joueur impression­nant, une idole. J’ai eu la chance de réaliser une belle prestation face à lui, ce qui m’a permis de signer mon premier contrat profession­nel. Je n’ai malheureus­ement fait qu’une seule feuille de match en Bundesliga . Mais cette saison en Allemagne est un grand souvenir.

Quels sont vos objectifs à présent ?

Signer à nouveau un contrat profession­nel. Achever le chemin que j’ai débuté. J’espère rebondir en France ou à l’étranger. Je parle plusieurs langues. Cela ne me dérangerai­t pas de repartir. J’aimerais tellement retrouver mon niveau d’avant. Je vis pour le football au quotidien. Je veux réussir ce rêve d’enfant. Celui de vivre de ma passion. Réussir comme mon cousin [Mitchel Bakker, joueur profession­nel à l’Ajax Amsterdam] n’est maintenant plus possible. J’ai conscience d’avoir laissé passer le bon wagon. La vie décide parfois d’elle-même. Mais il faut savoir l’accepter, pour mieux rebondir.

Achever le chemin que j’ai débuté ”

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(Photo Patrice Lapoirie)

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