Nice-Matin (Cannes)

Dans le viseur du préfet, Cédric Herrou est relaxé

- C. C.

Des banderoles, des roses rouges aux airs de Saint-Valentin ironique, et un concert d’applaudiss­ements. Des dizaines de militants associatif­s et simples citoyens ont réservé un accueil triomphal à Cédric Herrou, hier à 14 heures, à sa sortie du palais de justice de Nice. L’agriculteu­r de la Roya, devenue figure emblématiq­ue de l’aide aux migrants, était poursuivi pour injures publiques par le préfet des Alpes-Maritimes. Georges-François Leclerc n’avait pas digéré un de ses posts Facebook de Cédric Herrou. En juin 2017, le militant l’avait invité à « s’inspirer des accords avec la SNCF pendant la 2e guerre pour le transport des juifs pour gérer le transport des demandeurs d’asile… Bref. » Une réaction acide au refus d’embarquer quatreving­t-douze migrants, à Breilsur-Roya, à bord d’un train pour Nice.

À l’audience correction­nelle du 22 octobre, le procureur Brigitte Funel avait requis 5 000 euros d’amende contre Cédric Herrou, pour injures publiques d’une personne dépositair­e de l’autorité publique. La défense, assurée par Mes Zia Oloumi et Sabrina Goldman, avait plaidé la relaxe. Elle a donc obtenu satisfacti­on. Cédric Herrou, tout sourire à la sortie de la salle d’audience hier, s’avouait agréableme­nt « surpris ». Mais enfin compris. « Je n’avais pas voulu insulter directemen­t le préfet, ni sa fonction, mais alerter sur des conditions de gestion par les services de l’État dans la vallée de la Roya », se justifie-t-il face aux médias. Sur les marches du tribunal de grande instance, l’agriculteu­r-militant invite ses partisans à « continuer à considérer la justice. On peut parfois la critiquer, mais elle a prouvé là son indépendan­ce. Vive la justice indépendan­te ! » Ses avocats, eux aussi, se disent « satisfaits. Cette décision de justice vient reconnaîtr­e que la plainte du préfet était totalement infondée et illégitime, constate Me Goldman. Cédric Herrou ne fait que dénoncer les violations des droits fondamenta­ux commises quotidienn­ement, en provoquant parfois, mais pour alerter les conscience­s ». Me Oloumi, pour sa part, constate que « l’action du préfet n’a pas muselé l’action humanitair­e dans la région. » Les motivation­s du tribunal présidé par Anne Vincent ne sont, à ce jour, pas connues. Me David Rebibou, avocat du préfet, attend de les connaître « avant de se prononcer sur l’opportunit­é d’un appel ».

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