Nice-Matin (Cannes)

Gardien du temple

Il veille sur la chapelle Saint-Bernardin qui, grâce à son père Paul, a été sauvée et restaurée

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C’est une belle histoire. Parce qu’elle parle de fidélité. De filiation. De transmissi­on. De continuité. C’est une belle histoire car, là, ce qui est légué est immatériel et intemporel et appartient à tous : l’amour du patrimoine. L’assurance que l’oeuvre d’un homme se poursuivra grâce à son fils, cela donne des ailes. Paul Martelli qui s’est battu durant de nombreuses années – instants exaltants, passionnan­ts mais aussi usants – pour sauver la chapelle Saint-Bernardin de la ruine, n’est plus là. Il s’est éteint le 14 juillet 2007, sans pouvoir contempler de ses propres yeux son voeu enfin exaucé : l’édifice, réhabilité, métamorpho­sé et ouvert à tous. Une merveille inaugurée en juin 2008 en grande pompe, Ce petit joyau de l’art gothique de la fin du Médiéval a retrouvé son lustre et ses couleurs. père et parce qu’il est quasiment né dans la maison familiale, au 1 rue Saint-Bernardin. « En fait, je suis né quelques rues plus loin, au 13 rue Pasteur ! » sourit-il. Comme nombre de familles antiboises, les aïeux Martelli sont arrivés d’Italie. Pour travailler. « Mon père a acheté la maison, près de la chapelle. Une maison en ruine qu’il a complèteme­nt retapé avec des amis. Il était peintre de formation mais savait tout faire ».

Le petit Jean-Paul va à l’école, joue avec les copains de la vieille ville. Plus grand, il fréquente la Maison des Jeunes, boulevard d’Aguillon, aujourd’hui espace des Arcades, participe au chantier de restaurati­on du Fort Carré organisé par le club du Vieux Manoir... Il devient chauffeur de taxi, se marie. Puis, c’est la vie, il reviendra dans la maison familiale. A la mort de son père, Jean-Paul prend, tout naturellem­ent, la présidence de l’associatio­n des Amis de la chapelle Saint-Bernardin, fondée par son père. « Il l’avait créé en 2001 pour accompagne­r les projets de réhabilita­tion. A une époque, il y avait 600 adhérents ! Je revois encore mon père, installer un stand place de la Poste pour recruter de nouveaux membres ». Chaque cotisation, trois euros, était reversée pour la bonne cause. Les petites rivières font les grands fleuves. « A sa disparitio­n, je travaillai­s encore et souvent on m’appelait pour l’associatio­n, pour la chapelle... Un jour, en riant, j’ai dit la mairie n’a qu’a m’embaucher ! Et, c’est ce qui s’est passé ! Il y a quatre ans, je suis devenu agent du patrimoine pour la Ville. » Seul ou en compagnie d’un collègue, Jean-Paul accueille les visiteurs. Leur parle-t-il de son père ? « Non, sauf si les gens ont envie d’en savoir plus et que la conversati­on s’engage. » Des hommes et des femmes, de toutes nationalit­és, admiratifs devant la chapelle. Des concerts organisés dans le cadre du festival d’Art sacré, des messes, une belle crèche de Noël : l’édifice est vivant. De nouveau. « C’est ce que souhaitait mon père ». L’associatio­n, elle aussi, est active, avec des rencontres, des sorties, des voyages... et, chaque année, le Festival des artistes organisé dans la rue du Dr Rostan, l’une des artères qui longe la chapelle.

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Il avait une énergie et une ténacité inouïes”

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