Nice-Matin (Cannes)

Le ministre de l’Economie reçu au grand oral fiscal

Fiscalité, retraites, Europe... Bruno Le Maire a échangé durant deux heures avec 200 personnes, hier soir, à Saint-Laurent-du-Var. À l’écoute de doléances variées, éloquentes et constructi­ves

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Bruno Le Maire en rêvait, il l’a trouvé : un jeune actif qui estime « juste et parfait » le système fiscal français. « Vous êtes le premier que je rencontre », sourit-il, faisant s’esclaffer l’assistance.

Parce qu’il a vécu une autre fiscalité dans son Maroc d’origine, Mohamed, 29 ans, chef de projet en cybersécur­ité, aura apporté un autre regard au débat, et du baume au coeur au ministre de l’Economie et des Finances. Figure majeure d’un gouverneme­nt sous le feu des critiques liées à la fiscalité, Bruno Le Maire est descendu dans l’arène du Grand Débat national, hier soir, à Saint-Laurent-duVar. Sa mission : écouter, expliquer, rassurer.

Après les étudiants de l’IUT Nice Côte d’Azur, puis les salariés d’une PME de la zone industriel­le laurentine, cap sur la salle Roger-Ferrière. À deux pas de la mairie, le petit groupe de « gilets jaunes » qui crie à l’« enfumage » n’est pas le seul à douter. Alain Poirson, 74 ans, exprime « curiosité... et scepticism­e. Les débats, il n’en sort pas toujours quelque chose. Et même quand c’est le cas, rien ne change ! »

« La vraie question : que voulez-vous payer ? »

Retraités, salariés, fonctionna­ires, Laurentins ou voisins, ils sont deux cents à avoir répondu à cet exercice démocratiq­ue new-look. Sans éclats de voix. Mais avec la besace pleine de questions : justice fiscale, retraites, Europe... C’est la « fiscalité », forcément, qui lance les débats. « Avant de dire quel impôt supprimer, il faut savoir quel domaine on met en priorité », avertit Robert, retraité de la fonction territoria­le. Venu avec son Monsieur impôts, Bruno Le Maire acquiesce : « La vraie question à poser aux Français, c’est : qu’est-ce que vous voulez payer ? »

Le transfuge de la droite se veut rassurant sur l’addition finale : « Ce qui doit sortir du grand débat, ce sont des baisses d’impôts, pas des hausses ! » Exception notable : les GAFA (1). Le ministre de l’Economie reconnaît que « taxer le digital » constitue « un enjeu majeur. C’est une question de justice ».

Si les taxes sur les géants du Net font consensus, celles qui étranglent les TPE-PME sont sur le gril. Des voix s’élèvent pour exprimer la détresse des commerçant­s. La fiscalité paralysant­e, les banques inflexible­s et, en prime, ces samedis de fièvre jaune et de chiffre d’affaires en berne... « Il faudrait que ça s’arrête, parce qu’on est en train de mourir », conclut Thierry Teboul, président de la fédération des commerçant­s laurentins.

« C’est un premier pas »

En bras de chemise, Bruno Le Maire fait face à un feu nourri de questions. Courtoises. Mais symptomati­ques du mal-être ambiant. Les politiques ont leur part de responsabi­lité, dénonce Adeline, 32 ans : «Ilyaeudesm­otstrèsvio­lents. Parler de “gens qui ne sont rien”. ..» C’est la première fois qu’Adeline parle dans un micro. Elle appelle à « inventer un monde meilleur ».

Sandrine, « ménagère d’un petit peu plus de 50 ans » ,enamarrede n’entendre que « le fric, le fric, le fric ». Elle invite à remettre l’humain au coeur des débats. «On ne peut pas déconnecte­r l’économie de l’Homme ! », réplique Bruno Le Maire.

Le ministre est assis entre la députée LREM Alexandra Valetta-Ardisson et le maire LR de Saint-Laurent, Joseph Segura, fidèle à son « ami Bruno ». Pédagogue, volontiers drôle, l’émissaire du gouverneme­nt paraît à l’aise dans ce

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(Photo Franck Fernandes)

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