Aides sociales : Philippe rouvre un débat explosif
Au cas où la motivation des « gilets jaunes », dont l’acte XIV se déroule aujourd’hui, venait à faiblir, voilà qui ne manquera sans doute pas de la renforcer. En déplacement hier dans le Finistère, le Premier ministre Edouard Philippe s’est dit favorable à la mise en place de « contreparties » aux aides sociales en France. Un sujet qu’il a qualifié luimême d’« explosif ».
« Vraie belle question politique »
« Ma conviction personnelle c’est que compte tenu de l’importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d’un pays qui est en croissance mais qui reste avec un taux de chômage élevé, il faut qu’on s’interroge sur ces contreparties, il faut que l’on regarde ce qu’on peut réfléchir [sic] avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire », a déclaré le chef du gouvernement lors d’une réunion avec des élus locaux et des dirigeants de PME à Plomordiern, petit bourg breton, dans le cadre du Grand débat.
« C’est indispensable d’avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté, il ne s’agit pas de revenir en arrière, il s’agit de s’interroger sur “Est-ce que cette solidarité elle peut s’accompagner de contreparties, d’activités, d’activités d’intérêt général ?”», a déclaré Édouard Philippe. « Qu’est-ce qu’on demande à ceux qui bénéficient de la solidarité, est-ce qu’on demande quelque chose, et si oui, quoi ? À mon sens c’est une vraie belle question politique, c’est pas de la mécanique, c’est pas de la tuyauterie », a-t-il estimé lors de ce débat, où il était accompagné du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM), député de la circonscription. Pour souligner le caractère « explosif » de cette question, Édouard Philippe a rappelé l’initiative polémique du conseil départemental du Haut-Rhin, qui demandait aux allocataires du RSA de faire sept heures de bénévolat par semaine au risque de se voir privés de l’allocation. Lors de cette réunion, le Premier ministre a par ailleurs été interrogé à de nombreuses reprises sur les difficultés de recrutement, des cas de refus de CDI ou sur l’incitation financière jugée trop faible à travailler. Sur le premier point, il a évoqué un « énorme problème » qu’il juge « très inquiétant pour la suite ». « Je ne crois pas qu’on puisse durablement vivre dans un monde très compétitif avec 3 millions de chômeurs d’un côté et des entreprises qui n’arrivent pas à recruter ».
« Un scandale français »
Une étude publiée en 2017 par Pôle emploi évalue à entre 200 000 et 330 000 les offres dites « non pourvues » sur la base des offres de 2016. Parmi elles, 150 000 recrutements « abandonnés faute de candidat adéquat ». « C’est un vrai scandale français d’une certaine façon, une spécificité dont on se passerait bien et il faut qu’on la règle », a poursuivi Edouard Philippe, alors que syndicats et patronat ont jusqu’à la fin février pour parvenir à un accord sur une réforme de l’assurance-chômage.