Nice-Matin (Cannes)

Tensions France-Italie : vers une sortie de crise

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La crise diplomatiq­ue entre la France et l’Italie semblait hier bien partie pour se résorber, au moins temporaire­ment. Soulignant une volonté d’apaisement entre deux pays fondateurs de l’Union européenne, la France a en effet renvoyé hier à Rome son ambassadeu­r, Christian Masset, qu’elle avait rappelé à Paris la semaine dernière. Et dans la soirée, on apprenait que, reçu par le président italien Sergio Mattarella, il lui avait transmis une invitation de la part d’Emmanuel Macron, qui devrait déboucher sur une visite d’État en France « dans les prochains mois ».

« Electrocho­c »

Nourries d’épisodes multiples de part et d’autre ces derniers mois, les tensions entre les deux pays avaient franchi un cap sans précédent après une série d’affronts des deux vice-Premiers ministres italiens Luigi Di Maio et Matteo Salvini. Aux yeux de Paris, les

(1) deux intéressés ont toutefois adopté depuis une attitude plus modérée et montré qu’ils « regrettaie­nt » les derniers épisodes, selon la ministre chargée des Affaires européenne­s, Nathalie Loiseau.

Lundi dernier, Matteo Salvini s’est ainsi dit disposé à rechercher « de nouveau de bons rapports » avec la France. Et Luigi Di Maio a de son côté assuré avoir rencontré les « gilets jaunes » en qualité de chef du M5S, et non en tant que vice-Premier ministre.

La France n’exclut pas des « risques de rechute », alors que les deux responsabl­es, rivaux sur la scène intérieure, ont fait d’Emmanuel Macron leur cible privilégié­e dans l’affronteme­nt entre « libéraux » ou « progressis­tes » d’une part, et « antisystèm­es » d’autre part. Mais « l’électrocho­c » provoqué par le rappel de l’ambassadeu­r a eu un effet vertueux, veut-on croire à Paris.

« Travailler ensemble »

La France était soucieuse de ne pas laisser cette crise s’installer durablemen­t, alors que l’Italie non seulement reste un partenaire essentiel sur les plans économique et culturel, mais aussi que les deux pays ont « une responsabi­lité particuliè­re pour oeuvrer à la défense et à la relance de l’Union européenne », a souligné mardi Emmanuel Macron à l’issue d’un entretien téléphoniq­ue avec Sergio Mattarella. Nathalie Loiseau a aussi souligné «à quel point les deux pays avaient besoin l’un de l’autre ». « Donc travaillon­s ensemble ! », a-t-elle lancé. M. Le Drian a toutefois posé une condition à ce retour à la normale, qui devrait être suivi d’une série de rencontres bilatérale­s : « un esprit de respect mutuel », quels que soient les « désaccords ». 1. Ils étaient allés jusqu’à appeler à la démission du président Macron : « Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra ! »,

avait clamé en janvier Matteo Salvini, en qualifiant Emmanuel Macron de « président gouvernant contre son peuple ». La rencontre de Luigi Di Maio avec des « gilets jaunes », le 5 février dernier en France, avait fait déborder le vase.

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(Photo MaxPPP/EPA) Le président italien Sergio Mattarella a reçu hier soir l’ambassadeu­r de France, que Paris a renvoyé à Rome plus tôt dans la journée.

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