Nice-Matin (Cannes)

Parce qu’il vient de loin...

Titulaire depuis trois matchs, Ignatius Ganago a connu un parcours sinueux avant Nice

- VINCENT MENICHINI

Comme Mario Balotelli est parti et que les actionnair­es sino-américains n’ont pas jugé utile de le remplacer, Ignatius Ganago est devenu le premier choix de Patrick Vieira en attaque. C’est un peu par défaut mais le coach niçois ne s’en formalise pas car il croit fort en son poulain qu’il a aligné d’entrée lors des trois dernières journées de Ligue 1. « Contre Lyon, il ne lui a manqué qu’un petit but, juge Vieira. Au niveau du travail défensif et offensif, il a été très bon. Il a fait tout ce que je lui avais demandé. »

Agé de 20 ans - qu’il fête aujourd’hui -, Ganago vit une formation en accéléré depuis son arrivée à Nice, en 2017. Au départ, le Camerounai­s devait parfaire tous les aspects du jeu avec la réserve, mais après quelques buts marqués sous les ordres de Laurent Bonadei, Lucien Favre l’intègre au groupe profession­nel, avant de le lancer un soir brûlant d’août, contre Naples, en lieu et place de Mario Balotelli. « C’est allé un peu trop vite pour lui, juge son agent qui l’accompagne depuis ses premiers pas à l’Ecole de Football des Brasseries du Cameroun, celle qui a, entre autres, révélé Samuel Eto’o et Rigobert Song. Du coup, il a enchaîné les blessures musculaire­s... » C’est lors d’un tournoi à Douala - sa ville de naissance et capitale économique du Cameroun - que l’OGC Nice repère cet attaquant véloce, doté d’une sacrée détente et cohérent dans le jeu dos au but. Or, les dirigeants niçois ne sont pas les seuls sur le coup. Lyon, Monaco et Anderlecht le suivent également, mais c’est le Gym qui rafle la mise pour environ 300 000 euros, une somme dérisoire par les temps qui courent. « Le projet présenté par Julien Fournier et Nice était le plus cohérent. Or, ça ne veut pas dire que c’est le club qui proposait le plus d’argent, bien au contraire », souffle-t-on dans l’entourage du joueur.

Selon nos informatio­ns, le salaire de Ganago ne dépasse toujours pas les quatre chiffres, ce qui ne freine pas sa progressio­n et ses ambitions, bien au contraire.

Il vit toujours au centre

De son enfance cabossée, Ganago n’a rien oublié. Avant de rejoindre la plus grande école de football de son pays, à l’âge de 12 ans, Ganago vivait dans un orphelinat. Ses parents n’avaient pas les moyens financiers pour nourrir toutes les bouches du foyer, ce qui lui a vraisembla­blement valu un léger retard de croissance jusqu’à ses 16 ans. « A partir de là, ça n’a plus été le même joueur », glisse son conseiller. Bien qu’il lui reste encore pas mal de choses à régler, il affiche de nets progrès depuis quelques matchs (1 but en Ligue 1 cette saison). « C’est un gamin qui aurait dû enchaîner six mois en réserve, mais ça n’a pas passé comme prévu. Il est en train de terminer sa formation en Ligue 1, il faut donc être indulgent », nous glissait récemment un formateur de l’OGC Nice. Clarence Seedorf, le sélectionn­eur des Lions Indomptabl­es, prend régulièrem­ent des renseignem­ents sur lui.

A Nice, Ganago vit toujours dans sa chambre du centre de formation, qu’il ne quitte qu’à de très rares occasions. Ses proches l’incitent à passer son permis de conduire, ce qui ne semble pas vraiment être sa priorité du moment. « Ce n’est pas un exubérant, il a encore besoin de se sentir entouré et d’avoir des repères. Vous savez, les Camerounai­s sont des gens déterminés. Il ne parle pas beaucoup, c’est un taiseux », glisse un proche.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Ignatius Ganago avait ouvert son compteur en Ligue , la saison dernière, contre Monaco à l’Allianz Riviera.
(Photo Jean-François Ottonello) Ignatius Ganago avait ouvert son compteur en Ligue , la saison dernière, contre Monaco à l’Allianz Riviera.

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