Nice-Matin (Cannes)

À la loupe

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les valises ont pu changer de mains dans la station-service IDS, au Muy, dédiée aux poids lourds en transit internatio­nal. Une probabilit­é jamais confirmée.

Nicolas Pisapia, le commandita­ire et son complice, et Frank Colin se retrouvent dans la soirée à l’hôtel La Farandole (où ils sont rejoints par Henri Bartolo, un ami toulonnais), à Sanary.

Le surlendema­in, Frank Colin dépose 300 000 euros de cash dans un coffre qu’il a loué dans une agence de la Société Générale située en région parisienne. Une présence anormaleme­nt élevée de traces de cocaïne sera détectée sur un échantillo­n de ces billets.

Vol II : un voyage vers La Môle détourné

Le 28 février 2013, les pilotes Bruno Odos et Pascal Fauret transporte­nt de nouveau Nicolas Pisapia. Le Falcon 50 s’est envolé du Bourget (région parisienne) pour Quito, capitale de l’Équateur en Amérique du Sud. Avant de partir, l’un des pilotes avait effectué les recherches suivantes sur Internet : « Trafic de drogue en Équateur », « un pilote en prison ». Pascal Fauret expliquera qu’il s’était interrogé sur le sort d’un confrère. Selon le passager, il s’agissait d’un déplacemen­t profession­nel dans le cadre d’activités de prospectio­n immobilièr­e. Nicolas Pisapia aurait également été chargé de livrer six valises… remplies de vêtements pour des associatio­ns humanitair­es.

En France, les gendarmes, qui ont ouvert une enquête sous l’autorité du procureur de Draguignan, s’apprêtent à mettre l’aéroport de La Môle sous surveillan­ce… Le 2 mars, le parquet de Draguignan ouvre une informatio­n judiciaire pour « importatio­n, acquisitio­n, détention et transport illicites de stupéfiant­s ».

Rien ne semble se dérouler comme prévu à Quito. Le plan de vol retour a fait l’objet de dix-sept modificati­ons. Alors que l’avion est prêt à décoller, le passager repousse le départ d’un jour. Nicolas Pisapia aurait alors fait l’objet d’un contrôle « poussé » – de même que l’avion aurait été fouillé le lendemain par les autorités locales. Cet incident poussera Fabrice Alcaud à solliciter des policiers pour leur faire part de ses doutes quant au profil du passager. L’actionnair­e de SN-THS sera même inscrit au Fichier national des sources pour cette alerte. En attendant, le Falcon 50 finit par décoller. Et, après avoir récupéré

Alain Castany sur l’île de SaintMarti­n et une halte technique aux Açores, l’aéronef se pose le 4 mars, non pas à La Môle, mais à l’aéroport du Bourget. Sans valises

‘‘ suspectes, selon les gendarmes qui ont dû modifier leur dispositif de surveillan­ce. L’hypothèse Fabrice Alcaud, associé SN-THS,

à propos d’un voyage à vide des enquêteurs est que l’escale varoise n’était plus nécessaire, faute de bagages à y déposer…

Vol III : le flag manqué de Saint-Tropez

« Le vol il a été payé… C’est tout ce qui compte », dit Fabrice Alcaud à Bruno Odos, dans un échange téléphoniq­ue intercepté. Réponse du pilote : « Moi, tout ce qui se passe autour de ça, ça ne m’intéresse pas, ça ne me regarde pas .» Le vol avorté de Punta Cana est l’épisode le plus célèbre de l’affaire Air Cocaïne. Les pilotes, leur passager (qui, cette fois, a fait le voyage aller de son côté sur une ligne régulière) et Alain Castany sont interpellé­s dans la soirée du 19 mars 2013 alors que le Falcon 50 devait s’envoler pour Saint-Tropez.

Le coup de filet fait l’objet d’une mise en scène. Les autorités dominicain­es annoncent la saisie de 700 kg de cocaïne dans vingtsix valises entassées dans la soute et dans la cabine. Dans le Var, où François-Xavier Manchet avait réservé des chambres à La Farandole (Sanary), Frank Colin et son commandita­ire doivent réviser leurs plans. Le Toulonnais demande à son ami douanier de détruire une clé USB (sans rapport avec l’affaire, selon les intéressés).

À La Môle, les gendarmes passent quant à eux à côté de ce qui aurait pu être la saisie du siècle…

Le vol il a été payé… C’est ce qui compte”

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