« C’est le premier débat où je vois les gens s’accrocher vraiment »
Questions à Pascal Perrineau, l’un des cinq garants du grand débat national
Le politologue et spécialiste de sociologie électorale, Pascal Perrineau était hier à Grasse en tant que garant du bon déroulement du débat national.
Qu’est-ce qu’un garant du grand débat national ?
Il est nommé par le président du Sénat pour observer et constater que les principes de transparences et liberté sont respectés. Il veille aussi à ce que les échanges sont bien remontés sur le site du grand débat national où ils seront étudiés. Le mars prochain, à l’issue du grand débat, les décideurs devraient avoir ainsi une véritable carte de ce que les Français ont en tête.
Qu’avez-vous pensé de cette matinée grassoise
C’est d’abord la fonction expressive qui l’emporte sur la fonction délibérative. Chacun s’exprime, mais il faut l’intervention de M. Rosso, le modérateur, pour que des suggestions émergent. Ce débat est avant tout un lieu où chacun exprime ses inquiètudes. Il n’y a pas de délibération sur la faisabilité de telle ou telle solution.
Que retenez-vous de ces trois heures à Grasse ?
Au début, c’était très électrique. C’est le premier débat où j’ai vu des gens s’accrocher vraiment.
Pourquoi à votre avis ?
Je ne connais pas assez la ville, mais à Grasse, comme ailleurs, il y a beaucoup de colère et d’inquiètude liées aux problèmes du mal vivre et de la fin de mois.
Une autre caractéristique ?
J’ai trouvé que la thématique de l’Europe était très importante. C’est peut-être dû à la présence de militants dans la salle ou bien une culture politique locale. En tout cas l’hostilité à l’Europe s’est fait sentir. Les thématiques économiques et sociales sont omniprésentes, sans doute en raison du public issu des couches moyenne et basse de la société.
Comment avez-vous vu évoluer le débat au fil des
échanges ?
J’ai vu des gens qui ne partagent rien se supporter suffisamment pour s’écouter. C’est la vertu de ce grand débat. Ensuite il s’est mis en place l’intelligence collective. Les gens ont vraiment échangé comme sur l’apprentissage des jeunes ou le référendum d’initiative citoyenne. C’est là que l’on voit que ce type de débat ne sert pas à rien.