Peillon : elle rentre chez elle via un pont de fortune
Privée de droit de passage, Martine Romand doit traverser le Paillon grâce à des planches posées sur des tréteaux, pour accéder à son domicile. Quand la météo le permet...
Martine Romand avait prévenu : « Ça va vous paraître aberrant, vous allez voir... Mais, vous n’avez pas le vertige, au moins ? » Pour accéder à leur domicile, cette caissière retraitée de 67 ans et son mari JeanMichel, 72 ans, traversent quotidiennement le Paillon grâce à une frêle passerelle, faite de planches et de tréteaux. Enfin, quand c’est possible : « Le matin, je mets des crampons, parce que c’est verglacé. Mais quand il pleut pendant deux ou trois jours et que le Paillon est haut, c’est dangereux. En octobre, mon mari a été emporté avec les planches. Heureusement, il a pu se raccrocher à un arbre et les pompiers sont intervenus. » Comment en sont-ils arrivés là ? En perdant le droit d’accès à la route qui arrive jusqu’à chez eux.
Défaite en justice
En 2003, les Romand ont le coup de coeur. Une maison délabrée, à Peillon, nichée dans un écrin de verdure. La propriété est visible depuis la D21, mais en est séparée par le Paillon. L’accès prévu se fait en contournant la colline, via un chemin carrossable.
Sauf qu’en 2004, un voisin fait valoir son droit de propriété sur cette route. L’affaire part en justice. Les Romand gagnent une première fois en 2015, au tribunal de grande instance de Nice, avant de perdre en appel, puis en cassation.
La justice a conclu que Martine Romand avait bien un accès, à côté du chemin existant. C’est à elle d’en financer l’aménagement. Impossible, au vu de la topographie des lieux et des maigres revenus du couple. « Ça coûterait plus cher que l’achat de la propriété », tranche Jean-Michel.
« Madame Romand a acheté une maison avec un droit de passage qui n’était que verbal, ce qui ne vaut rien en droit français » , retrace l’avocat Me Jean-Joël Governatori. Avec lui, la retraitée est repartie au combat, pour faire une demande de désenclavement, mais aussi pour attaquer le notaire de l’époque de l’achat. «Si j’avais su que la maison était sans route, je ne l’aurais pas achetée », regrette-t-elle.
Balayé par le fleuve
La Peillonnaise balaie l’idée de vendre. Par amour du lieu. «Etqui achèterait une maison sans accès ? »
En attendant que la justice tranche de nouveau, les Romand ont donc installé leur pont de fortune en mars, avec un éclairage maison. Mais il y a eu des déconvenues. Martine affirme qu’à plusieurs reprises, elle n’a pas pu rentrer chez elle le soir, faute d’avoir pu franchir le fleuve. Du coup, ils ont aménagé un van, sur l’autre berge, où elle peut passer la nuit. « J’ai des couvertures, des blousons, montret-elle, le coffre ouvert . On a de la nourriture en avance, le frigo est plein. On est bien obligés… »
Ce week-end, ça n’a pas manqué. Avec les fortes averses, le Paillon a balayé le pont de fortune. Aujourd’hui, elle cherche de l’aide, pour trouver une alternative plus solide à cette passerelle. Un coup de main pour construire quelque chose ? Un coup de pouce humain, matériel ou financier ? En tout cas, elle a lancé une cagnotte. « Je tape à toutes les portes, avoue-t-elle. L’idée, c’est de trouver une solution ».
Martine a lancé une cagnotte pour ceux qui veulent l’aider : www.leetchi.com/c/aider-mme-tollardomartine-a-creer-un-pont-pour-acceder-chez-elle