Otite : une pathologie courante mais à surveiller
Les infections ORL sont très répandues chez les enfants, elles participent à la construction de leurs défenses immunitaires. Mais il ne faut pas les négliger au risque qu’elles s’aggravent
« Ne jamais réutiliser les gouttes d’un précédent traitement »
Certains bambins sont abonnés aux otites : ils en font 4, 5 voire 6 par an. Et pourtant… ce n’est pas tant que cela. « Cela peut sembler beaucoup, pourtant c’est banal : il s’agit de la maladie d’adaptation [c’est-à-dire qu’un enfant dans les premières années bâtit son immunité en étant exposé aux maladies courantes, Ndlr]. C’est d’autant plus vrai lorsque le tout-petit est gardé en collectivité. On parle d’otites récidivantes quand l’enfant de moins de 4 ans en fait plus de 8 par an, et lorsqu’il y a 4 épisodes chez un patient âgé de plus de 4 ans. » , résume le Dr Michèle Berlioz-Baudoin, chef du service de pédiatrie-néonatalogie du centre hospitalier PrincesseGrace. Car plus que les ORL, ce sont bien les pédiatres qui sont en première ligne lorsqu’il s’agit de traiter ce type d’infections.
« Lorsque l’otite s’arrête à l’oreille, ce n’est pas grave. En revanche, cela devient gênant si elle est associée à des infections pulmonaires ou des sinusites, dans ce cas, il faudra surveiller de près. » Dans la typologie des otites, on en retrouve deux majeures : l’otite moyenne aiguë dans laquelle l’enfant se plaint d’avoir mal à l’oreille, éventuellement il présente de la fièvre. Dans l’otite séreuse : le tympan ne revient pas à la normale après une infection et du liquide s’épanche de l’oreille. Parfois, le petit patient dit entendre moins bien. « En présence d’une otite moyenne aiguë, le traitement dépendra à la fois de l’âge du patient et de son état général. Chez un enfant de plus de 2 ans avec une seule oreille atteinte, on peut se laisser du temps pour voir comment la situation évolue sauf s’il se plaint de fièvre, de douleurs intenses, que le tympan
Dr Michèle Berlioz-Baudoin
coule, etc. En revanche, moins de 2 ans, on prescrit sans attendre un antibiotique, idem si l’otite est bilatérale », résume le Dr Berlioz-Baudoin.
Pas de consensus sur la question de la sucette
Lorsque le bambin fait régulièrement des otites, les parents pourraient être tentés d’utiliser les gouttes auriculaires qu’il reste du précédent traitement. « C’est une mauvaise idée ! Il faut toujours consulter un médecin car lui seul pourra établir un diagnostic en faisant des examens, notamment en regardant le tympan avec un otoscope. Ce n’est pas parce qu’il y a les mêmes symptômes que c’est la même maladie », insiste la pédiatre. Et il ne faut rien mettre dans l’oreille de l’enfant. Ni des gouttes, ni de l’huile, ni tout autre remède de grand-mère parce que le professionnel de santé ne verra pas bien le conduit auditif et le tympan. Dans le même ordre d’idée, on évite les coton-tiges (ou alors on choisit ceux dédié aux tout-petits, avec un embout plus large) qui peuvent créer de micro-traumatismes et pousser les bactéries plus au fond de l’oreille.
Par ailleurs, le tabagisme favorise les otites alors Il faut impérativement bannir la cigarette de l’environnement des enfants. Quant à la question de la sucette pour les bébés et les plus jeunes, ce n’est pas clair. Certaines études mettent en évidence que cette tétine favorise les infections ORL ; d’autres, qu’elle en protège. « S’il n’y a pas de consensus scientifique sur cette question, on sait en revanche que la sucette est un facteur de protection contre la mort inattendue du nourrisson. De ce fait, nous laissons le choix aux parents », indique le Dr Berlioz-Baudoin.
On oublie donc l’automédication et on file chez le docteur !
Pédiatre