Finalement : peut-on se baigner ?
En plein hiver, difficile de se résoudre à laisser le petit dernier aller à la piscine quelques jours après avoir eu une otite. Et pourtant, cette dispense n’est pas toujours justifiée.
Le Dr Martine François (), ORL à l’hôpital RobertDebré de Paris, rencontre tout au long de l’année des familles inquiètes de savoir si l’enfant pourra poursuivre ses cours de natation ou simplement prendre un bain malgré des problèmes auriculaires. D’abord, lorsque l’on évoque l’otite, il faut bien comprendre de quoi on parle, parce qu’il y en a plusieurs. « L’otite externe est une infection de la peau du conduit auditif externe (ou méat auditif externe, MAE), résume le Dr François. Elle survient lorsque les mécanismes de protection de la peau du MAE sont pris en défaut à cause d’une insuffisance de cérumen, d’une macération après les bains (s’ils sont notamment fréquent ou prolongés et que les oreilles ne sont pas correctement séchées), de microtraumatismes dus au grattage ou aux coton-tiges ou encore d’un usage prolongé de gouttes auriculaires. Les otites externes sont particulièrement fréquentes l’été et peuvent être récidivantes. »
Côté symptômes, l’enfant va se plaindre d’une douleur intense, notamment si on touche l’oreille. Une fois le diagnostic posé, «ilfaut arrêter les bains jusqu’à la guérison clinique. Le traitement est d’abord local, par le biais de gouttes auriculaires contenant des antibiotiques, une formation osseuse qui pousse dans la partie externe du conduit auditif. « Cela concerne essentiellement les personnes qui nagent beaucoup en eau froide, donc surtout des adultes. Il suffit d’opérer », conclut le Dr François. L’otite séreuse est quant à elle une inflammation de l’oreille moyenne due à la présence d’un liquide séreux jaune (ce n’est pas du pus). « Les bains en piscine ont été accusés de favoriser l’otite séreuse par l’effet délétère de l’eau chlorée sur la trompe d’Eustache… or il apparaît que ce n’est pas fondé, souligne l’ORL. Par ailleurs, la baignade est également possible, y compris en mer, si l’enfant a un diabolo à condition de nager en surface et de ne pas plonger. » En revanche, les bains sont totalement proscrits s’il y a une perforation du tympan – qui sera soignée par le biais d’une intervention visant à le refermer – et jusqu’à l’examen postopératoire qui a lieu à J+. Les plongeons seront prohibés pendant un an suivant l’opération. Si l’enfant présente un rhume, il peut tout de même assister à une leçon de natation ; en revanche, mieux vaut l’éviter s’il s’agit d’une sinusite. Dans tous les cas, il est conseillé de consulter un médecin : lui seul pourra déterminer si le jeune patient peut ou non se baigner et quelles précautions éventuelles il doit prendre.