Polyarthrite rhumatoïde : traiter le plus tôt possible
Le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires peut être efficacement pris en charge grâce aux biothérapies qui ont nettement amélioré le quotidien des malades
« La polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires »
L a« polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatismes inflammatoires. On estime que 0,5 % de la population adulte est concernée, davantage de femmes que d’hommes », résume le Dr Kamel Mechtouf, rhumatologue à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon. Cette pathologie se caractérise par des poussées liées à l’inflammation de la synoviale, la membrane qui tapisse l’intérieur des articulations.
« Difficile d’identifier précisément les causes de la maladie. Sa survenue dépend de facteurs génétiques et environnementaux comme le tabac. Conjugués, ils déclenchent un conflit immunologique qui aboutit au développement de la polyarthrite rhumatoïde », détaille le Dr Mechtouf. C’est la raison pour laquelle on détecte la présence d’auto-anticorps (ACPA, anticorps dirigés contre les protéines citrullinées et les facteurs rhumatoïdes) dans le sang. Toutefois attention, dans certaines polyarthrites, les patients sont immuno-négatifs, ils ne présentent pas d’anticorps. Le diagnostic de la pathologie est lié à un ensemble de signes cliniques tels qu’un gonflement articulaire, des douleurs articulaires qui réveillent la nuit (« C’est ce qui caractérise la maladie inflammatoire : ça fait mal au repos », indique le Varois), une raideur matinale qui se poursuit pendant plus de 30 minutes au réveil, une douleur lorsqu’on appuie sur les articulations, etc.
Prendre en charge le plus tôt possible
« La polyarthrite rhumatoïde se manifeste d’abord au niveau des mains, des poignets. Lorsqu’elle progresse, elle peut atteindre les coudes, les épaules, les chevilles, les hanches, précise le Dr Mechtouf. Cela devient gênant au quotidien. Le diagnostic est confirmé par des examens biologiques : augmentation de la vitesse de sédimentation, de la protéine C réactive, les auto-anticorps et par l’imagerie (radiographie et échographie). » Et le rhumatologue de préciser : « Les radiographies sont le plus souvent normales au début de la maladie, elles serviront donc de comparaison pour le suivi. Dans les formes sévères, elles peuvent montrer des érosions, des pincements à l’origine d’une altération significativement de la qualité de vie et d’un handicap. »
L’idéal est de prendre en charge la polyarthrite rhumatoïde le plus tôt possible et de suivre son évolution. Plusieurs types de traitements existent. « Le méthotrexate est le traitement de fond de première
Dr Kamel Mechtouf Rhumatologue
ligne. Les corticoides peuvent être proposés à faible dose et si possible sur une période limitée, indique le Dr Mechtouf. L’arsenal thérapeutique s’est enrichi depuis une quinzaine d’années avec l’apparition de nouvelles molécules qui sont les biomédicaments ou biothérapies. Ces molécules justement ciblent de façon spécifique l’inflammation en ralentissant ou en stoppant la progression de la maladie. On propose l’association avec un biomédicament pour les patients qui ne répondent pas au méthotrexate seul. Nous disposons de plusieurs molécules dont les modes d’actions sont différents. Les stratégies thérapeutiques ont évolué. De nouveaux concepts comme la prise en charge précoce et le contrôle serré de la maladie permet d’ajuster au plus près les traitements. »
Une nécessaire pluridisciplinarité
La mise en place du traitement a vocation à aboutir à la rémission, c’est-à-dire la disparition des symptômes inflammatoires ou, au minimum une faible activité de la maladie. Parce que l’enjeu est de prévenir les dégâts articulaires et leurs conséquences fonctionnelles ainsi que les complications cardiovasculaires. « Si au bout de 6 mois, il n’y a pas de résultats, il faut envisager une nouvelle stratégie thérapeutique. »
Lorsque le patient est en rémission, les médicaments sont diminués voire arrêtés pour certains. Toutefois, il doit être vigilant à ce que ses vaccins soient à jour ; il lui est d’ailleurs conseillé de recevoir l’injection contre la grippe saisonnière et la vaccination contre les infections à pneumocoques.
« La prise en charge doit être globale et pluridisciplinaire, en intégrant des mesures d’éducation thérapeutique, de rééducation fonctionnelle, de soutien psychologique, d’accompagnement socioprofessionnel si nécessaire », résume le Dr Mechtouf. Le rôle du médecin traitant est fondamental car il permet de déceler la maladie, mais il assure aussi le suivi du patient en coordination avec le spécialiste. Dès les premiers symptômes, il ne faut donc pas hésiter à s’adresser à son généraliste.