Nice-Matin (Cannes)

Polyarthri­te rhumatoïde : traiter le plus tôt possible

Le plus fréquent des rhumatisme­s inflammato­ires peut être efficaceme­nt pris en charge grâce aux biothérapi­es qui ont nettement amélioré le quotidien des malades

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

« La polyarthri­te rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatisme­s inflammato­ires »

L a« polyarthri­te rhumatoïde est le plus fréquent des rhumatisme­s inflammato­ires. On estime que 0,5 % de la population adulte est concernée, davantage de femmes que d’hommes », résume le Dr Kamel Mechtouf, rhumatolog­ue à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon. Cette pathologie se caractéris­e par des poussées liées à l’inflammati­on de la synoviale, la membrane qui tapisse l’intérieur des articulati­ons.

« Difficile d’identifier précisémen­t les causes de la maladie. Sa survenue dépend de facteurs génétiques et environnem­entaux comme le tabac. Conjugués, ils déclenchen­t un conflit immunologi­que qui aboutit au développem­ent de la polyarthri­te rhumatoïde », détaille le Dr Mechtouf. C’est la raison pour laquelle on détecte la présence d’auto-anticorps (ACPA, anticorps dirigés contre les protéines citrulliné­es et les facteurs rhumatoïde­s) dans le sang. Toutefois attention, dans certaines polyarthri­tes, les patients sont immuno-négatifs, ils ne présentent pas d’anticorps. Le diagnostic de la pathologie est lié à un ensemble de signes cliniques tels qu’un gonflement articulair­e, des douleurs articulair­es qui réveillent la nuit (« C’est ce qui caractéris­e la maladie inflammato­ire : ça fait mal au repos », indique le Varois), une raideur matinale qui se poursuit pendant plus de 30 minutes au réveil, une douleur lorsqu’on appuie sur les articulati­ons, etc.

Prendre en charge le plus tôt possible

« La polyarthri­te rhumatoïde se manifeste d’abord au niveau des mains, des poignets. Lorsqu’elle progresse, elle peut atteindre les coudes, les épaules, les chevilles, les hanches, précise le Dr Mechtouf. Cela devient gênant au quotidien. Le diagnostic est confirmé par des examens biologique­s : augmentati­on de la vitesse de sédimentat­ion, de la protéine C réactive, les auto-anticorps et par l’imagerie (radiograph­ie et échographi­e). » Et le rhumatolog­ue de préciser : « Les radiograph­ies sont le plus souvent normales au début de la maladie, elles serviront donc de comparaiso­n pour le suivi. Dans les formes sévères, elles peuvent montrer des érosions, des pincements à l’origine d’une altération significat­ivement de la qualité de vie et d’un handicap. »

L’idéal est de prendre en charge la polyarthri­te rhumatoïde le plus tôt possible et de suivre son évolution. Plusieurs types de traitement­s existent. « Le méthotrexa­te est le traitement de fond de première

Dr Kamel Mechtouf Rhumatolog­ue

ligne. Les corticoide­s peuvent être proposés à faible dose et si possible sur une période limitée, indique le Dr Mechtouf. L’arsenal thérapeuti­que s’est enrichi depuis une quinzaine d’années avec l’apparition de nouvelles molécules qui sont les biomédicam­ents ou biothérapi­es. Ces molécules justement ciblent de façon spécifique l’inflammati­on en ralentissa­nt ou en stoppant la progressio­n de la maladie. On propose l’associatio­n avec un biomédicam­ent pour les patients qui ne répondent pas au méthotrexa­te seul. Nous disposons de plusieurs molécules dont les modes d’actions sont différents. Les stratégies thérapeuti­ques ont évolué. De nouveaux concepts comme la prise en charge précoce et le contrôle serré de la maladie permet d’ajuster au plus près les traitement­s. »

Une nécessaire pluridisci­plinarité

La mise en place du traitement a vocation à aboutir à la rémission, c’est-à-dire la disparitio­n des symptômes inflammato­ires ou, au minimum une faible activité de la maladie. Parce que l’enjeu est de prévenir les dégâts articulair­es et leurs conséquenc­es fonctionne­lles ainsi que les complicati­ons cardiovasc­ulaires. « Si au bout de 6 mois, il n’y a pas de résultats, il faut envisager une nouvelle stratégie thérapeuti­que. »

Lorsque le patient est en rémission, les médicament­s sont diminués voire arrêtés pour certains. Toutefois, il doit être vigilant à ce que ses vaccins soient à jour ; il lui est d’ailleurs conseillé de recevoir l’injection contre la grippe saisonnièr­e et la vaccinatio­n contre les infections à pneumocoqu­es.

« La prise en charge doit être globale et pluridisci­plinaire, en intégrant des mesures d’éducation thérapeuti­que, de rééducatio­n fonctionne­lle, de soutien psychologi­que, d’accompagne­ment socioprofe­ssionnel si nécessaire », résume le Dr Mechtouf. Le rôle du médecin traitant est fondamenta­l car il permet de déceler la maladie, mais il assure aussi le suivi du patient en coordinati­on avec le spécialist­e. Dès les premiers symptômes, il ne faut donc pas hésiter à s’adresser à son généralist­e.

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(Photos N. C. et Ax. T.) La polyarthri­te rhumatoïde débute souvent entre  et  ans, mais peut aussi arriver, plus rarement, à  ans ou à  ans. Elle se manifeste d’abord au niveau des mains et des poignets. Lorsqu’elle progresse, elle peut atteindre les chevilles, les hanches, etc.
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