Nice-Matin (Cannes)

Un silence qui résulte d’un « péché collectif », selon le président de la Conférence des évêques de France

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Le silence autour des abus sexuels dans l’Église résulte d’un « péché collectif » et d’un système qui « néglige » la parole des victimes, estime le patron des évêques de France, Mgr Pontier, dans un entretien au Journal du dimanche.

« Nous devons travailler tous ensemble contre la pédophilie. La hiérarchie [religieuse, Ndlr] n’est pas la seule coupable. Dans certaines familles, des parents très chrétiens ont empêché leur enfant de parler. C’est un péché collectif », estime le président de la Conférence des évêques de France (CEF). Et d’ajouter : « Il existe une vénération de l’Église qui est malsaine et peut empêcher la libération de la parole. »

À quelques jours du sommet mondial au Vatican sur les crimes pédophiles (lire ci-dessus), Mgr Pontier incrimine plus généraleme­nt le peu d’attention accordé aux victimes dans l’Église.

« On ne peut plus rejeter la faute »

« Il y a quelque chose de systémique dans la négligence, le poids et la défense des institutio­ns par rapport aux personnes victimes », dit-il, assurant que l’Église doit prendre ses responsabi­lités. « On ne peut plus rejeter la faute, dire que ce sont les médias ou le monde extérieur qui en voudraient à l’Église. »

Les victimes « n’ont pas besoin de repentance permanente si les actes ne suivent pas» , poursuit-il, formant l’espoir que la commission Sauvé constituée en France sur les abus pédophiles dans l’Église saura «secouer » l’institutio­n. Le prélat se dit par ailleurs favorable au report de la sortie, prévue mercredi, du film de François Ozon intitulé Grâce à Dieu et consacré au père Preynat, un prêtre lyonnais mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs, et qui pourrait être jugé cette année. Saisie d’une demande de report déposée par le père Preynat, la justice doit se prononcer aujourd’hui.

« Nous sommes dans un calendrier ahurissant, qui voudrait que l’on termine par la reconnaiss­ance de culpabilit­é devant les tribunaux après avoir vu tant de choses sur ce père Preynat qui, cela ne fait pas de doute, a commis des faits répréhensi­bles. Il faut un respect minimum de la présomptio­n d’innocence », explique Mgr Pontier.

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(Photo d’archives AFP) « Nous devons travailler tous ensemble », prévient Mgr Pontier dans Le Journal du dimanche.

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