Nice-Matin (Cannes)

«Gilets jaunes» : une dangereuse mutation

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Le vent n’est pas encore retombé, mais il tourne. La lassitude s’installe progressiv­ement chez les Français. Ce n’est pas que le mouvement jaune s’essouffle : même si la mobilisati­on s’érode, on s’étonne au contraire de la persévéran­ce de ceux, hommes et femmes, qui depuis maintenant trois mois chaque samedi et même hier, dimanche, arpentent le pavé de grandes villes. C’est que, la haine s’y installant, il change progressiv­ement de nature. Trois signes de cette dangereuse mutation. D’abord, l’attitude des manifestan­ts, dont la plupart se disent pacifiques, à l’égard de la police. Jusqu’à nouvel ordre, notre police est républicai­ne. Assurer l’ordre est son devoir.

Elle défend l’Assemblée nationale et l’Élysée quand certains appellent à les envahir. Caillasser une voiture de police comme cela a été le cas à Lyon avant-hier [lire ci-contre, Ndlr], s’acharner sur ses occupants, qui ne veulent pas faire usage de leurs armes – et c’est tant mieux –, voilà qui dénature les revendicat­ions des «gilets jaunes» et les fait apparaître comme des adversaire­s déterminés de la République, ou même de vulgaires casseurs, ce qu’ils jurent ne pas être.

Ensuite, l’agression d’Alain Finkielkra­ut, samedi, à Montparnas­se. Certes, Finkielkra­ut est connu pour ses positions favorables à Israël. Il n’en fait pas mystère et c’est son droit. De là à ce qu’un homme, de jaune vêtu, hurle des menaces de mort dans la rue, il y a un monde. Celui d’un antisémiti­sme haineux, qui rappelle le pire.

Mais c’est surtout le bilan de ces trois mois qui lève le coeur.  gardes à vue,  personnes écrouées, des centaines de blessés des deux côtés, policiers et manifestan­ts, le saccage de l’Arc de triomphe, des permanence­s politiques et syndicales ravagées, des préfecture­s dévastées, vraiment, ça suffit.

Le droit de manifester, d’accord.

Le droit de terroriser, non.

Et c’est sans compter sur les ravages économique­s d’un mouvement créé, en principe, pour augmenter le pouvoir d’achat des Français. Le résultat : chiffre d’affaires du commerce en berne ; hôtellerie et restaurati­on sinistrées ; villes meurtries. Et à la clef, des milliers de mises au chômage, partiel ou définitif. « Nous irons jusqu’au bout », scandent les promeneurs du samedi. C’est où, le bout ?

« Les ravages économique­s d’un mouvement créé pour augmenter le pouvoir d’achat. »

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