«Gilets jaunes» : une dangereuse mutation
Le vent n’est pas encore retombé, mais il tourne. La lassitude s’installe progressivement chez les Français. Ce n’est pas que le mouvement jaune s’essouffle : même si la mobilisation s’érode, on s’étonne au contraire de la persévérance de ceux, hommes et femmes, qui depuis maintenant trois mois chaque samedi et même hier, dimanche, arpentent le pavé de grandes villes. C’est que, la haine s’y installant, il change progressivement de nature. Trois signes de cette dangereuse mutation. D’abord, l’attitude des manifestants, dont la plupart se disent pacifiques, à l’égard de la police. Jusqu’à nouvel ordre, notre police est républicaine. Assurer l’ordre est son devoir.
Elle défend l’Assemblée nationale et l’Élysée quand certains appellent à les envahir. Caillasser une voiture de police comme cela a été le cas à Lyon avant-hier [lire ci-contre, Ndlr], s’acharner sur ses occupants, qui ne veulent pas faire usage de leurs armes – et c’est tant mieux –, voilà qui dénature les revendications des «gilets jaunes» et les fait apparaître comme des adversaires déterminés de la République, ou même de vulgaires casseurs, ce qu’ils jurent ne pas être.
Ensuite, l’agression d’Alain Finkielkraut, samedi, à Montparnasse. Certes, Finkielkraut est connu pour ses positions favorables à Israël. Il n’en fait pas mystère et c’est son droit. De là à ce qu’un homme, de jaune vêtu, hurle des menaces de mort dans la rue, il y a un monde. Celui d’un antisémitisme haineux, qui rappelle le pire.
Mais c’est surtout le bilan de ces trois mois qui lève le coeur. gardes à vue, personnes écrouées, des centaines de blessés des deux côtés, policiers et manifestants, le saccage de l’Arc de triomphe, des permanences politiques et syndicales ravagées, des préfectures dévastées, vraiment, ça suffit.
Le droit de manifester, d’accord.
Le droit de terroriser, non.
Et c’est sans compter sur les ravages économiques d’un mouvement créé, en principe, pour augmenter le pouvoir d’achat des Français. Le résultat : chiffre d’affaires du commerce en berne ; hôtellerie et restauration sinistrées ; villes meurtries. Et à la clef, des milliers de mises au chômage, partiel ou définitif. « Nous irons jusqu’au bout », scandent les promeneurs du samedi. C’est où, le bout ?
« Les ravages économiques d’un mouvement créé pour augmenter le pouvoir d’achat. »