Un jeune Grassois condamné pour des velléités djihadistes
C’est l’une de ces affaires jugées devant la 16e chambre correctionnelle de Paris, souvent loin des projecteurs médiatiques, mais révélatrices d’une autre réalité du djihadisme. Un homme de 21 ans, originaire de Grasse, vient d’être condamné pour un projet de départ en zone de guerre avec deux mineurs. Il a écopé de trois ans de prison : deux ferme, et un avec sursis-mise à l’épreuve.
Ligne de téléphone dédiée
Établi dans les Bouches-du-Rhône, inséré socialement, il est tout juste majeur quand les gendarmes viennent l’interpeller en juillet 2016. Le jeune homme projette alors de rejoindre les rangs de Daesh en Irak et en Syrie. Converti à l’islam en 2014, il s’est, de son propre aveu, radicalisé tout seul, en fréquentant la mosquée et les réseaux sociaux. Les perquisitions sont éloquentes. Son ordinateur contient de multiples photos à caractère religieux, représentant parfois le drapeau noir de Daesh. Surtout, son activité assidue sur les réseaux sociaux ne laisse guère de doute sur ses intentions. Le jeune Sudiste est en relation avec des individus en zone de conflit irako-syrienne. Il a créé divers profils Facebook et ouvert une ligne téléphonique dédiée, afin d’échanger avec une adolescente en région parisienne, rencontrée sur le Net un an plus tôt. Tous deux fomentent le projet de rejoindre le groupe terroriste.
La jeune fille entame le périple avec un autre ado, venu de Normandie. Ils empruntent une route inhabituelle pour tromper la vigilance des services antiterroristes. En vain : ils sont interpellés à Genève.
« Radicalisation virtuelle pure »
L’aîné, lui, n’a pas bougé du SudEst. Il reconnaît pourtant ses velléités de départ. Il passera plus de sept mois en détention provisoire, avant d’être placé sous bracelet électronique. Le voilà jugé en correctionnelle, sans ses cadets, renvoyés devant le tribunal pour enfants.
« C’était un pré-projet. De la radicalisation virtuelle pure. Il n’y avait rien de concret », plaide Me Clémence Witt à l’audience. Pour cette avocate parisienne, rompue aux affaires de terrorisme, celle-ci est l’« exemple frappant de l’emprise exercée par Daesh à cette époque. Il était la cible parfaite ». C’est aussi un cas de « réinsertion et de déradicalisation réussies » : depuis, son client a reconnu la folie de ses projets, tourné la page Daesh et trouvé du travail. « Cela montre aussi que la justice fonctionne bien et juge tous les types d’infraction, y compris les velléités de départ, estime Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, qui a révélé l’affaire. On parle beaucoup des revenants, mais ce dossier rappelle que plus d’un millier d’individus ont tenté de quitter la France pour une zone de guerre depuis 2012. »