Nice-Matin (Cannes)

Laurent Barat consulte au tribunal

Interview Le Bocassien Laurent Barat revient sur ses terres azuréennes pour offrir son seul en scène : En toute transparen­ce. À voir dès demain soir au théâtre Le Tribunal !

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Le p’tit gars d’aqui a bien grandi ! Après ses premières parties de Gad Elmaleh, ses passages au Jamel Comedy Club, et ses pastilles sur France Bleu Azur, Laurent Barat poursuit sur sa belle lancée. Aujourd’hui chroniqueu­r sur Europe 1 dans l’émission « Anne Roumanoff, ça fait du bien », l’humoriste continue à offrir son énergie. Preuve en est dès demain au théâtre Le Tribunal.

Ce spectacle a été écrit grâce à une laryngite donc !

Il y a neuf mois j’étais à Paris, j’avais mal à la gorge. Je me rends chez un toubib que je ne connais pas. Dans la salle d’attente super glauque je me retrouve avec cinq ou six autres patients. Mais eux semblent en phase terminale face à moi ! Je stresse, je m‘assois et je fais une crise de spasmophil­ie. Et moi quand ça ne va pas, pour me rassurer : je déconne. J’ai fait tellement marrer les patients que le médecin est venu dans la salle d’attente voir ce qu’il se passait. En consultati­on il m’a dit : vous avez une laryngite mais vous devriez être humoriste.

C’était le déclic !

J’ai appelé mon producteur en sortant du docteur : je tenais quelque chose. Ensuite, j’ai demandé à ce médecin si je pouvais venir trois fois par semaine dans sa salle d’attente pour écrire. Au bout de quinze jours j‘avais le spectacle. Le médecin est d’ailleurs venu le voir ! On est devenus amis du coup ! Ce qui plaît aux gens c’est qu’on ressent tous la même chose dans une salle d’attente : on est tous pareils, que l’on soit milliardai­re ou smicard.

Vous avez traversé une période « page blanche » avant ça, non ?

Pendant six, sept mois je devais écrire un nouveau spectacle. Je travaille toujours dans le même bar. Sauf que je passais mes journées entières à rien : sur YouTube à regarder des vidéos de l’OGC Nice ou Michael Jackson. Quand mon producteur m’appelait je lui disais : ah tu vas voir j’ai un bon truc, mais je garde la surprise ! Tu parles ! Je m’en voulais en plus de lui mentir ! Il n’y croyait plus lorsque je lui ai dit que j’avais de la matière après avoir passé du temps dans une salle d’attente. Je lui ai dit : calemoi un théâtre à Nice, on va tester ça. Et nous voilà ici !

Vous travaillez en collaborat­ion artistique avec Pascal Légitimus : que vous apporte-til?

Énormément de choses ! Il est dans une approche très paternalis­te, on est dans l’échange. Gil Marsalla mon producteur a regardé la mise en scène et Pascal m’apporte son expérience. Il est un soutien psychologi­que, grâce à lui j’appréhende moins l’immensité des hauts et bas. Il a la science de la scène. En fait, moi ce que je veux c’est que Les Inconnus se reforment et que je puisse faire un selfie. Après ça, je peux mourir tranquille ! Parce que je ne vais pas compter sur l’OGC Nice pour réaliser l’impossible. [rires]

Vous vivez à Paris mais vous êtes toujours un peu ici...

Je suis là et partout. Évidemment, c’était un déchiremen­t de quitter ma région. Et c’est étrange quand je vous dis ça mais maintenant je ne me vois pas vivre ailleurs qu’à Paris. Parce que ce qu’il m’arrive c’est un truc formidable.

Le  janvier, vous avez fait vos adieux à l’antenne de France Bleu Azur dans  % Aiglons : ça vous manque ?

Ah, j’ai beaucoup oeuvré là-bas. C’est surtout les copains qui me manquent. Et comme l’a dit le directeur de France Bleu Azur : je ne peux pas être sur deux radios concurrent­es. Europe  c’est une chance incroyable. Le matin à la machine à café j’entends derrière moi Nikos [il prend la voix de l’animateur] : « Est-ce qu’il reste un gobelet ? » Je suis là comme un gamin, j’ai envie de lui dire : tiens Nikos je te donne tous les gobelets du monde ! [rires]

Qu’est-ce qui change lorsque l’on bosse sur Europe  ?

Avant, je parlais de l’actualité locale qui m’est chère. Et de foot : un sujet que je maîtrise. Là, je lis l’actu nationale, internatio­nale, je suis branché H sur les chaînes d’actu : c’est une vraie gymnastiqu­e. À France Bleu j’étais plus serein. Là, je suis au Real de Madrid. Anne Roumanoff relit tout, elle te corrige et je suis super ouvert à ça ! Très demandeur même ! Elle m’a repoussé dans des retranchem­ents de travail, c’est super intéressan­t. J’ai eu cette place après trois auditions. Je crois que tous les humoristes de ma génération y sont passés. Ça prouve la difficulté de tenir dans ce genre d’émission.

Comment avez-vous évolué ?

Grâce à Anne Roumanoff je sais ce qui est drôle, ce qui ne l’est plus. Avant je passais par Roubaix, Saint-Etienne et Rouen pour me rendre à Los Angeles. Je vais droit à la vanne. Je coupe.

Avec un processus d’écriture ? Par exemple, là, j’ai cette chronique sur Amir à écrire pour l’émission. Je me suis installé durant trois heures dans le bar en dessous de chez moi mais je n’ai pas écrit une ligne. Avant je paniquais : maintenant je me fais confiance. Ca va venir au bon moment.

Pas le choix !

Mais c’est surtout qu’Anne Roumanoff me fait penser à Madame Guglielmi, mon instit de CE. Du coup ça me stresse...

Faut faire ses devoirs !

Mais oui, c’est exactement ça ! Typiquemen­t : la dernière fois mon père me demande si il peut assister à l’émission sur Europe . En vrai, c’est possible : on est en direct avec du public. Mais je lui ai lamentable­ment menti en lui disant le contraire. Pourquoi ? Parce que je sens la situation arriver gros comme une maison : à la fin de l’émission, mon père va aller voir Anne Roumanoff et je vais avoir droit à une réunion parents-profs ! Avec le petit commentair­e : « Alors Laurent est un peu dissipé mais... » Oh non, au secours ! [rires]

D’ailleurs, vous pensez au prochain spectacle ?

Est-ce que c’est mon producteur qui vous a demandé de me sonder là-dessus ?

Non pas du tout !

D’accord ! Parce que c’est drôle, il m’a dit récemment que je devais y penser. Comme ma vie en tournée est tellement riche je vais puiser là-dedans. Et il y a également le fait d’avoir  ans.

C’est une source d’inspiratio­n d’avoir  ans ?

Mais totalement ! Chaque matin je me lève avec un cheveu blanc en plus. J’ai même des poils blancs dans la barbe ! Maintenant quand je fais du sport, je sens que je ne suis plus légitime en sportif. Quand j’étais petit ma mère me disait : arrête de courir, tu vas tomber. Maintenant elle me dit : arrête de courir, tu vas mourir. [rires ]Ilyadequoi­faire!

Savoir + En toute transparen­ce, par Laurent Barat, demain, jeudi, vendredi et samedi à 20 h 30, au théâtre Le Tribunal,5placeAmir­al-BarnaudàAn­tibes.Tarifs :11 à 15 euros. Rens. 06.43.44.38.21.

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