Charles Gérard, le complice de Belmondo, est mort P28
C’était l’une des gueules du cinéma français depuis plus d’un demi-siècle. C’était aussi le meilleur ami de Jean-Paul Belmondo et de Claude Lelouch, Il s’est éteint à l’âge de 98 ans hier à Paris
Le trio de potes ne passait pas une seule journée sans s’appeler au téléphone, déjeuner chez Lipp à Saint-Germain-des-Prés ou passer les vacances ensemble. L’As des As et Charles avaient encore séjourné une bonne partie de l’été dans une maison des hauteurs de Cannes. Petits restos italiens, plages et football au programme. Pourtant Claude Lelouch et Bebel savaient que Charles Gérard était souffrant. Ces derniers jours, Jean-Paul se rendait régulièrement au chevet de son ami. Il était comme un frère pour lui. Triste nouvelle. Le comédien est décédé hier après-midi à l’hôpital Saint-Joseph à Paris (XIVe arrondissement). Il était âgé de 95 ans. Mais selon son entourage proche il avait en réalité beaucoup plus : bientôt, 99 ans.
“Charlot” est né
De son vrai nom Gérard Adjémian, d’origine arménienne, il était né à Istanbul et après avoir pas mal galéré dans les milieux de la boxe dans les années 50 et 60, il avait fait la connaissance de Jean-Paul Belmondo qui fréquentait encore les rings.
Le cinéma n’était plus très loin. Charles Gérard est engagé par Claude Lelouch dans Le Voyou ,en 1970, un polar aux côtés de JeanLouis Trintignant, Danièle Delorme, Yves Robert et Aldo Maccione. Il n’est alors qu’un second rôle mais son personnage de Charlot comme l’a appelé Lelouch est très remarqué par la profession. Il retrouve très vite le metteur en scène pour Smic, Smac, Smoc (1971). Le courant est passé : les deux hommes ne se quitteront plus. Près d’une vingtaine de retrouvailles sur pellicule, notamment l’inoubliable L’aventure c’est l’aventure (1972), C’est durant le tournage de ce film que Charles Gérard et Jean-Paul Belmondo deviennent à leur tour très amis. Pour la vie. Devenu l’acteur « lellouchien » par excellence, il tourne à Cannes et sur La Croisette La Bonne année (1973), Edith et Marcel (1982). Sa complicité avec Belmondo lui permet aussi d’apparaître dans six longs-métrages aux côtés de la star. Après L’Animal (1977), viennent Flic ou voyou (1979), Le guignolo (1980) et le dernier film de JeanPaul, Un homme et son chien (2009). Comme Raimu imposait Maupi, Bebel place Charlot sur son contrat. Une clause obligatoire ! Le public, lui, s’est entiché de cette gueule devenue familière entourée de mèches éternellement blanches, de sa gouaille de titi mise au service de lignes de dialogue culte (1) parfois ciselées par Audiard, de ses airs de chien battu, de son déhanchement sur la plage, deux pas derrière Lino Ventura, un pas derrière Jacques Brel, dans L’aventure c’est l’aventure.
Dernière apparition en
À la télévision, il apparaît dans des épisodes de Commissaire Moulin ou Navarro. Si les années 2000 sont plus compliquées pour Charles Gérard, il émarge au générique, dans Les Clefs de bagnole (2003), Les Infidèles (2012) et Turf (2013). Son ultime apparition sur grand écran remonte à 2015 avec La dernière leçon, où il donne la réplique à Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire. Sa mort est une perte, pour tous ceux qui ont aimé ce cinéma populaire et familial qu’il a servi avec tendresse et humilité. Pour Bebel, ce n’est pas une perte, mais un gouffre de tristesse.
« Celui qui a des lunettes, c’est Rey. Le plus dangereux, c’estRey.Lepluscon,c’estRey.L’autre,c’estMassard ». Flic ou voyou