Nice-Matin (Cannes)

Le Studio : la justice « valide » la subvention municipale

Attaqué en 2017 par le groupe d’opposition L’Alternativ­e, le versement exceptionn­el de 120 000 €, voté en conseil municipal, a, pourtant, été confirmé. Mais le cinéma change, néanmoins, de statut...

- P. F. pfiandino@nicematin.fr

C’est désormais officiel : le cinéma Le Studio n’est plus géré sous forme de SPIC (service public industriel et commercial) en régie – comme c’était le cas depuis 2013 – et devient un SPA (service public administra­tif). Pas très clair tout ça, non ? Pour sortir du jargon statutaire, cette décision – rendue par le tribunal administra­tif de Nice le 5 juillet – signifie que la structure du Jeu-de-Ballon correspond davantage à la gestion administra­tive souhaitée par la majorité municipale et son maire, Jérôme Viaud.

Ou, comme l’exprime l’élue d’opposition Myriam Lazreug avec ses propres termes, « qu’il peut désormais être déficitair­e et que ce déficit peut être comblé, chaque année, par une subvention, donc avec l’argent des Grassois. »

On rembobine : lors de la séance municipale du 28 mars 2017 (1), une subvention exceptionn­elle de 120 000 euros était votée, pour accompagne­r Le Studio, en difficulté. Motifs : la programmat­ion « intimiste » [avec les labels « Art et Essai » et « Jeune public »] ou encore les tarifs très bas imposés par le développem­ent des dispositif­s d’éducation.

Lazreug, Viaud et le stationnem­ent...

« Mais le statut SPIC implique une interdicti­on de subvention­s pour combler le déficit. Le cinéma doit vivre de ses recettes, indique l’élue, en rappelant les arguments avancés par son groupe de l’époque, l’Alternativ­e, pour contester la délibérati­on. Avec le déclin du centre historique, fortement accentué par la politique de stationnem­ent voulue par le maire – jusqu’à 5 euros les 2 heures et 30 000 PV par an – le cinéma a vu ses comptes basculer dans le rouge » poursuit-elle. En effet, le cinéma connaît, depuis 2015, une baisse de fréquentat­ion (19 706 entrées en 2015, 17 206 en 2018) et, par ricochet, des recettes (résultat d’exploitati­on 2018 déficitair­e de 661 €).

Dans la foulée, Myriam Lazreug et Stéphane Cassarini avaient saisi le tribunal administra­tif, jugeant la délibérati­on et la subvention illégales. Celui-ci n’a, donc, pas statuer sur « cette illégalité. »

Et a, on l’a dit, requalifié la structure en service public administra­tif. « Pour la justice, dans la mesure où le cinéma est placé sous l’autorité directe du maire et que la commune y affecte des agents municipaux, dont certains sont fonctionna­ires, comme la directrice, le cinéma doit relever dans son intégralit­é du droit public. Face au bilan financier catastroph­ique, le magistrat a jugé qu’il ne peut vivre de ses recettes. »

Elle conclut, goguenarde : « Le plus cocasse est le courrier adressé par la défense de M. Viaud au tribunal : il explique qu’une des raisons du déficit chronique est l’absence de stationnem­ent gratuit...» Pour rappel, s’il devrait demeurer une salle à vocation culturelle, Le Studio ne sera, a priori, plus un cinéma lors de l’arrivée du projet de Zac Martelly. Reste à savoir quand... 1. La même délibérati­on avait été votée le 13 décembre 2016 mais le sous-préfet avait demandé de motiver davantage les raisons d’une subvention exceptionn­elle ; elle avait, donc, dû être modifiée et à nouveau présentée en mars 2017.

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Le cinéma rentre un peu plus dans le giron municipal et devient un service public administra­tif.

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