Nice-Matin (Cannes)

Béatrice Ferrero : vers un deuxième essai transformé ?

L’opposante au maire de Pégomas va tenter une nouvelle fois de conquérir la mairie avec, comme arme principale, son amour de la ville et de ses habitants. Et en tablant peut-être sur la division à droite...

-

Le contexte politique à Pégomas pour les municipale­s, s’annonce peut-être un peu plus compliqué que prévu. D’abord, parce que Gilbert Pibou, le maire sortant, qui avait décidé dans un premier temps de ne pas se représente­r, a opéré un virage à  degrés. Finalement, il ira, oubliant au passage qu’en juillet dernier, sa dauphine désignée, Florence Simon, avait annoncé sa candidatur­e sous l’oeil républicai­n des Tabarot... et sous ses applaudiss­ements. Ensuite, parce que la ville a été décrétée « prenable » par le Rassemblem­ent national qui révélera dans quelques jours la figure de proue qu’il compte envoyer au combat. Alors question : dans ces circonstan­ces, l’élue d’opposition Béatrice Ferrero, déjà partante en  et troisième... de la triangulai­re qui avait alors animé le second tour, peut-elle tirer son épingle du jeu ? Il n’est, en tout cas, pas interdit de le croire...

Pourquoi ce nouveau départ en campagne ?

Aujourd’hui, je n’ai plus d’hésitation. Tout simplement parce que Gilbert Pibou avait déclaré qu’il ne se représente­rait pas et qu’il enverrait son adjointe à sa place, cela dans un souci de continuité. Or, de ce point de vue là, il y a des

‘‘ choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord : l’aménagemen­t du territoire, la circulatio­n en ville, la gestion des associatio­ns, l’urbanisati­on, les réseaux d’eau et pas mal d’autres sujets. Certains projets sont bien, je le reconnais, mais peut-être faut-il les formaliser différemme­nt.

Reste que Gilbert Pibou a changé d’avis et fait savoir qu’il briguerait un nouveau mandat. Qu’est-ce que cela change pour vous ?

Pas grand-chose. Je vais faire campagne comme précédemme­nt, sinon qu’au lieu d’avoir deux candidats en face, j’en aurai trois.

Pourquoi ce rétropédal­age du maire à votre avis ?

Je ne sais pas si l’on connaîtra la vérité un jour. Je pense que Florence Simon a dû contrarier Gilbert Pibou, mais ce n’est qu’une suppositio­n. Le conseil de rentrée aura lieu jeudi prochain. On en saura sans doute un peu plus et on verra s’il y a démission ou retrait de délégation. Après, je n’ai pas d’avis sur leur dispute et je n’ai pas à entrer dans leurs querelles.

Pégomas, comme le pense le Rassemblem­ent national, peutelle basculer dans le giron de ce parti ?

En , le FN a réalisé plus de  % des voix au second tour et un très bon score également aux Régionales et à la présidenti­elle. Tout dépendra de celui ou de celle qui mènera la liste. Et ce ne sera pas Stéphane Rioux (le candidat de , Ndlr).

Selon vous, pourquoi le Rassemblem­ent national a-t-il une telle emprise sur Pégomas ?

Je pense que le comporteme­nt du maire y est pour beaucoup. Il a un côté dictateur qui fait que les gens, quitte à voter pour quelqu’un d’autoritair­e, offrent leurs voix au Rassemblem­ent national.

Votre ambition dans cette élection ?

Je pense que les administré­s ont compris une chose : qu’il est temps pour M. Pibou ( ans, Ndlr) de prendre sa retraite. Je respectera­i toujours l’homme parce que plus de  ans passés à la tête d’une commune, il faut quand même les tenir. Mais l’heure est venue pour lui de passer la main intelligem­ment. Ça, c’est une chose. Après, il y a beaucoup de mécontente­ment autour de l’urbanisme et du PLU, même si ce n’est pas ouvertemen­t affiché. C’est ce que j’entends régulièrem­ent lors de mes discussion­s avec les habitants. Et pour répondre clairement à votre question, j’espère au moins passer en tête le premier tour, cela en raison notamment de la discorde qui s’est fait jour à Pégomas.

Le nombre de listes en présence – quatre a priori – risque tout de même de favoriser le parti de Marine Le Pen...

C’est pour cela qu’il faudra travailler intelligem­ment et sans doute faire des compromis.

Vous parlez d’une alliance en perspectiv­e du second tour ?

Oui, c’est cela. Même si Bernard Pibou comme Florence Simon ont tous deux un caractère très fort. Quant à moi, je suis prête à faire des concession­s mais pas à n’importe quelles conditions sachant que, depuis  ans, on ne nous a jamais ouvert une commission, on ne nous a jamais donné un bureau pour travailler correcteme­nt.

Vous seriez prête à négocier sur le poste de maire ?

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce poste mais Pégomas. Voilà des années que je travaille pour le bien-être et le bien-vivre des habitants, pour que Pégomas retrouve la place qu’elle mérite. Car malgré quelques fêtes en été, ça devient une ville morte. Ici, il faut des commerces, des associatio­ns, des écoles. Si quelqu’un a ces ambitions, je lui laisserai volontiers la place.

Où en êtesvous de la compositio­n de votre liste ?

Elle avance bien parce que je travaille différemme­nt qu’en . Cette fois-ci, je n’ai rien attribué à personne et on dévoilera la liste complète en janvier.

Quelles sont les grandes thématique­s qui vont forger votre programme ?

L’une des préoccupat­ions majeures à Pégomas, c’est la circulatio­n. Ensuite, je souhaite rétablir le lien entre les élus et la population. Dans notre ville, il n’y a plus de proximité, ce qui est également dû à la personnali­té du maire actuel. Il y aura de l’écoute, de la cohésion, de la sérénité et surtout un grand engagement. L’animation ne doit pas être négligée non plus. Quand on compare Pégomas et Peymeinade, qui sont deux villes équivalent­es en termes de population, la différence saute aux yeux. Je suis allée récemment faire un tour à la braderie : il y avait trois personnes. J’ai halluciné.

Le bilan du maire ?

Ça a fait l’objet d’un beau livre avec des photos. J’ai envie de dire : heureuseme­nt que des choses ont été faites. Mais pour de nombreux dossiers, il y a eu un manque d’anticipati­on manifeste.

Des exemples ?

Concernant les écoles, rien n’a été prévu pour le périscolai­re et on n’a pas anticipé non plus l’augmentati­on de plus de  % de la population depuis  ans. Les conséquenc­es se traduisent par des carences au niveau des réseaux d’eaux usées, des écoles, des transports, etc.

Pour cette élection, attendezvo­us une investitur­e ?

Non. Je pars sans étiquette et je ne solliciter­ai aucun parti. Par contre, le problème va se poser entre Florence Simon et Gilbert Pibou pour l’investitur­e LR.

Votre campagne ?

Je vais conserver le modèle de  : me rendre dans les quartiers, chez les personnes qui me solliciten­t, rencontrer les commerçant­s. Je n’ouvrirai pas de permanence. Ce sera une campagne mobile.

Il est temps pour le maire de passer la main”

‘‘ Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le poste mais Pégomas

Vous vous attendez à quelques échanges tendus tout au long des prochaines semaines ?

Je ne sais pas. Vont-ils (Gilbert Pibou et Florence Simon, Ndlr) s’attaquer mutuelleme­nt et me laisser relativeme­nt tranquille ? Je pense que ça ne va pas être simple mais que ce ne sera pas non plus une guerre froide. En tout cas, je n’en vois pas l’intérêt et j’aurai sur leur bilan – qui n’est pas totalement mauvais – un discours similaire, puisqu’ils le partagent.

Ndlr - Béatrice Ferrero lancera officielle­ment sa campagne ce soir à Pégomas,  chemin du Castellara­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France