Nice-Matin (Cannes)

Vers un service public des pensions alimentair­es

À partir de juin 2020, les Caisses d’allocation­s familiales pourront jouer le rôle d’intermédia­ire, si un des parents ou un juge le demande. La fin du chantage aux allocation­s

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

300 000 familles monoparent­ales en France ne perçoivent pas totalement – voire pas du tout – leur pension alimentair­e en cas de divorce. Hier, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, ainsi que les secrétaire­s d’État Christelle Dubos (solidarité) et Marlène Schiappa (égalité femmes-hommes et lutte contre les discrimina­tions) ont annoncé la mise en place pour juin 2020 d’une forme de « service public de versement des pensions alimentair­es ».

Une bonne nouvelle pour Esterina Nastasi, responsabl­e du recouvreme­nt des pensions alimentair­es à la Caf de Nice. Elle gère le suivi des pensions pour la Région sud et la Corse. « C’est positif pour les familles. Cela va assainir certaines situations et rendre nos allocatair­es plus sereins », affirme-t-elle. Son service sera renforcé pour permettre la mise en oeuvre de la réforme. Avec quels effectifs ? Ils ne devraient être connus qu’en octobre. Quarante millions d’euros seront inscrits au prochain projet de loi de financemen­t de la Sécurité sociale. Au plan national, l’embauche de 350 agents est prévue en janvier 2020, et cent supplément­aires en juin. Concrèteme­nt (lire par ailleurs), les Caisse d’allocation­s familiales et la Mutualité sociale agricole assureront un rôle d’intermédia­ire.

« Sensibles à la menace pénale »

À Nice, Me Sophie Jonquet, avocate, accueille cette annonce avec satisfacti­on mais estime que la menace pénale reste une arme efficace. Var-matin avait fait le portrait (nos éditions du 18 juin), d’une de ses clientes, Élise. Une mère de six enfants dont trois à charge, divorcée, et dont le mari ne paye pas la pension. Interdite bancaire, elle se voyait même réclamer 200 000 euros en tant que caution solidaire pour les traites de la maison que son ex-conjoint ne payait plus. Une nouvelle audience s’est tenue cette semaine. Le mari accepterai­t finalement de s’acquitter de tout ou partie de ses arriérés. Ce qui a convaincu le juge d’accorder un nouveau délai. « Les mauvais payeurs sont toujours sensibles à la menace pénale via une procédure en abandon de famille. La perspectiv­e d’une inscriptio­n au casier judiciaire est souvent une menace suffisamme­nt forte pour les inciter à payer », souligne Me Jonquet.

En cas d’impayé, le futur service public interviend­ra immédiatem­ent. Une aide qui pourra même être pérennisée jusqu’à la majorité des enfants.

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Le futur dispositif pourrait concerner quelque   familles monoparent­ales d’ici juin . (Photo Adeline Lebel)

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