A son procès, Mélenchon revendique son “insoumission”
Accuser un insoumis de délit de rébellion, c’est une forme de pléonasme », a lancé, hier à la barre, Jean-Luc Mélenchon, jugé avec cinq de ses proches à Bobigny pour rébellion et actes d’intimidation, lors de la perquisition mouvementée au siège de LFI en octobre.
Le procès, prévu sur deux jours, s’est ouvert dans un climat électrique, alimenté par les attaques répétées du leader Insoumis contre la justice. Au juge qui lui demandait s’il acceptait de comparaître, Jean-Luc Mélenchon a répondu : «Je crois pas que j’aie le choix, mais oui ».
ans de prison et € d’amende
Jean-Luc Mélenchon est poursuivi pour « actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation ».
Il encourt jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150 000 euros et 5 ans d’inéligibilité. Comparaissent aussi les députés Bastien Lachaud et Alexis Corbière, le député européen Manuel Bompard, le président de l’association « L’ère du peuple » Bernard Pignerol et l’attachée de presse de LFI. Le chef de file de LFI a été le premier à être interrogé. Le jour de la perquisition, le 16 octobre 2018, «la journée a commencé dans une ambiance de confusion, de sidération », avec la perquisition chez plusieurs militants insoumis, s’est justifié Jean-Luc Mélenchon, quand le président du tribunal Benoît Descoubes a souligné que la matérialité de ce que lui est reproché était établie.
Le député a déclaré éprouver « un sentiment d’humiliation » : «ce sont mes locaux, je n’ai jamais prétendu être au-dessus des lois ».
Joute verbale avec Dupond-Moretti
Jean-Luc Mélenchon a rappelé avoir eu peur que le fichier des 500 000 inscrits sur la plateforme LFI soit saisi. Il a alors invoqué «la responsabilité morale vis-àvis de ceux qui ont donné leur nom et adresse pour soutenir (sa) campagne présidentielle ».
Et il s’est dit à nouveau victime d’un « procès politique » : « Je ne parle pas de complot, mais d’effet de système ».
Dans un face-à-face tantôt tendu, tantôt comique, le leader LFI s’est trouvé ensuite sous le feu des questions de Me Eric DupondMoretti, l’un des avocats des parties civiles. « C’est une technique classique, de couper petit morceau par petit morceau les questions. Allez droit au but, soyez offensif ! » lui a conseillé JeanLuc Mélenchon.
Une réplique qui a suscité les rires dans l’assemblée mais que le président du tribunal a appréciée avec plus de retenue. « Quand c’est le prévenu qui pose des questions à l’avocat, c’est mauvais signe monsieur Mélenchon », a-t-il prévenu. Visiblement agacé par la longueur des réponses du leader insoumis, Me DupondMoretti a ironisé : «Ici,onest dans une enceinte judiciaire, pas devant le tribunal, avec des pancartes ! » Le procès doit durer plusieurs jours.