Nice-Matin (Cannes)

« Ils vont se qualifier »

Aujourd’hui consultant, Philippe Saint-André pense que les Bleus atteindron­t les quarts, en battant notamment d’entrée les Pumas. Il mise aussi sur l’Angleterre et l’Afrique du Sud

- PROPOS RECUEILLIS PAR PAUL MASSABO

Sélectionn­eur de l’équipe de France durant quatre ans (2012-2015), Philippe SaintAndré était à la tête des Bleus lors de la précédente coupe du monde en Angleterre. Il se souvient comme si c’était hier de son bail avec les tricolores ponctué par un quart de finale calamiteux face aux All-Blacks et une défaite tristement historique (62-13).

‘‘ L’ancien manager du

RC Toulon pendant un peu plus de deux saisons (2010-2012) organise des stages de rugby (PSA Academies) en France du côté de Tignes, mais aussi en Angleterre, en Irlande et à la Martinique. Il est aujourd’hui consultant pour RMC et BFM. Il couvrira d’ailleurs depuis Paris la coupe du monde (c’est Denis Charvet qui sera sur place au Japon). Le successeur de Marc Lièvremont, remplacé par la suite par Guy Novès, porte un regard forcément intéressé sur l’équipe du France d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Comment expliquez-vous les difficulté­s que vous avez rencontrée­s avec le XV de France ?

À mon époque, le contexte n’avait rien d’évident. C’était la guerre ouverte entre la Fédération et la Ligue. Il était très difficile d’avoir accès aux joueurs. Je me souviens que les internatio­naux rentraient dans leur club respectif pendant les doublons. De notre côté, avec mon staff, on espérait combler notre retard dans la vitesse d’exécution, dans la réalisatio­n du geste juste à très haute intensité… Nous n’y sommes pas parvenus.

Aujourd’hui, y a-t-il du mieux autour de l’équipe de France ?

Après notre humiliatio­n contre la Nouvelle-Zélande, il y a eu une réelle prise de conscience. En tant que tête de gondole, c’est difficile pour moi de dire que cette déculottée fut un bien pour un mal. La mise en place des JIFF (jeunes issus de la formation française) a permis aux clubs d’investir dans la formation et la compétence. Il n’y a pas si longtemps, une génération de jeunes a été gâchée par manque de temps de jeu au sein de l’élite. Depuis six ans, une bénéfique remise en question a été opérée. Aujourd’hui, des blocs (tests de novembre, Tournoi des

VI Nations) ont été mis en place. Les moins de  ans ont remporté deux fois de suite le titre de champion du monde. L’équipe de France est la vitrine du rugby. Et là, avec ces deux trophées, on est en train de remplir de nouveau le magasin.

Le fait de remettre l’équipe de France au centre du village était une priorité ?

Du duo SkrelaVill­epreux à Brunel, en passant par Laporte, Lièvremont, moi-même et Novès, le pourcentag­e de victoires a baissé continuell­ement. À présent, on va de nouveau dans la bonne direction. Depuis  mois, des résolution­s appropriée­s ont été adoptées. Pour la coupe du monde en  en France, les Bleus devront revenir dans le dernier carré. Cette génération-là a tous les moyens pour y parvenir.

Le calendrier des internatio­naux est-il toujours aussi démentiel ?

Il y a du mieux. Mais cette année encore, notre championna­t s’est terminé le  juin, soit deux à trois semaines après les autres. Les meilleurs joueurs enchaînent trop de matches. En Nouvelle-Zélande, les joueurs ne disputent que  rencontres par an. À titre de comparaiso­n, de mon temps, Maestri et Fofana avaient joué  matches en trois ans. Ils étaient arrivés en

‘‘ équipe de France complèteme­nt cramés. Il va falloir régler ces problèmes de calendrier.

Les jeunes qui arrivent ne doivent pas être bouffés par le rythme des rendez-vous nationaux et internatio­naux.

Que pensez-vous de l’associatio­n Brunel-Galthié ?

On va vite le savoir. Il y a incontesta­blement de la compétence. Je crois que les rôles de chacun sont bien impartis. Jacques Brunel est managersél­ectionneur et Fabien Galthié a clairement pris en charge l’animation offensive. Il est dépositair­e du jeu. Reste à savoir si tout ce beau monde sera complément­aire pour optimiser le groupe France.

Quels espoirs avezvous pour les Bleus au Japon ?

J’espère que les Français réaliseron­t une belle coupe du monde. Je les vois se qualifier en quart. On sera d’ailleurs fixé à  % au soir du  septembre, après la rencontre contre l’Argentine. Ce premier match de poule sera l’équivalent d’un huitième de finale. Je pense qu’on parviendra à prendre les Argentins, très joueurs, sur le physique et la mêlée. Je suis simplement un peu inquiet sur le poste d’ouvreur : depuis sa fracture, Camille Lopez n’a pas retrouvé l’intégralit­é de ses moyens. Romain N’Tamack, très talentueux, n’a, de son côté, pas beaucoup joué en  avec Toulouse cette saison. Personnell­ement, j’aurais retenu le jeune Toulonnais Louis Carbonel, en pensant à .

Les meilleurs joueurs enchaînent trop de matches”

Galthié est dépositair­e du jeu”

Quel est votre favori pour cette coupe du monde ?

La Nouvelle-Zélande a gagné deux fois d’affilée. Réussir la passe de trois me paraît compliqué d’autant que chez les Blacks, certains joueurs sont vieillissa­nts. Ils ont d’autre part quelques cadres blessés. L’Australie risque de manquer de profondeur de banc. Quant aux Irlandais, je ne les vois pas enchaîner plusieurs matchs à haute intensité. En revanche, l’Afrique du Sud, renaissant­e, me semble bien armée. Et je n’oublierai surtout pas l’Angleterre. Elle n’a pas passé les poules il y a quatre ans chez elle. Les Anglais ont fait un gros travail en profondeur. Ils ont trente joueurs de premier choix. Il y a vraiment de la qualité. On pourrait

bien les retrouver au bout.

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(Photo M. R.)

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