Nice-Matin (Cannes)

« Je crois en nos chances »

Passé de peu à côté d’un 11e titre mondial cet été, Vincent Philippe dispute son ultime Bol sous le pavillon bleu du Suzuki Endurance Racing Team. En espérant retrouver le chemin du succès...

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Son palmarès est long comme le bras. Huit triomphes au Bol d’Or, trois aux  Heures du Mans... et surtout dix titres de champions du monde d’endurance (EWC). Le  juillet dernier, à Suzuka, Vincent Philippe aurait pu coiffer une onzième couronne suprême. Il s’en est vraiment fallu de justesse puisque la GSX-R numéro  fonçait vers le sacre jusqu’à cinq minutes du damier. Moteur explosé dans le money-time, le Suzuki Endurance Racing Team et son emblématiq­ue serviteur bisontin ont accusé le coup. Déçu mais pas abattu, celui-ci, à  ans, s’avance aujourd’hui vers son ultime Bol dans la peau d’un pilote de pointe. Sevré de victoire depuis , il se verrait bien décrocher une timbale de plus dimanche en compagnie d’Étienne Masson et Gregg Black...

Vincent, une petite marche arrière pour commencer : la pilule japonaise est-elle digérée ?

Un tel dénouement, vous savez, on ne peut pas l’oublier comme ça. Je ne vous le cache pas, la première semaine après Suzuka a été vraiment très douloureus­e. Difficile de se remettre de ce mauvais coup. Mais, bon, aujourd’hui, ça va. Moi, j’arrive assez facilement à tourner la page. Tirer un trait sur le passé et regarder droit devant. En plus, nous débarquons ici avec plein de nouveautés, donc mieux vaut penser au présent et au futur proche.

Un moteur qui rend l’âme si près du but, vous aviez déjà connu cela ?

Non. Il y a longtemps, j’avais perdu une course en Chine dans les dernières minutes à cause d’une petite faute d’inattentio­n d’un coéquipier. Rien de comparable avec ce qui s’est produit à Suzuka où la tension, l’enjeu, étaient immenses. (Il réfléchit) On peut dire que ça restera un grand malheur.

Ce week-end, le SERT entame un nouveau cycle. Dominique Méliand a cédé les commandes à Damien Saulnier. Un digne héritier ?

Sur le papier, il ne s’agissait peut-être pas du meilleur dossier. On pouvait émettre quelques doutes. Aujourd’hui, tout se passe super bien. Les dernières semaines se sont avérées très productive­s. Nous sommes tous contents. Il y a du personnel compétent, un vrai soutien de l’usine Suzuki... Tout pour bien faire, quoi ! La difficulté, maintenant, c’est de monter la mayonnaise, que chacun trouve sa place afin de créer cette synergie si importante en endurance.

On voit beaucoup plus de Japonais que d’habitude dans votre box. Les liens avec la maison mère ontils été renforcés ?

Oui. Nous sommes assez surpris, d’ailleurs, car on ne nous avait pas prévenus de l’arrivée de cette délégation ! (Large sourire) Que dire ? Tant mieux ! Cela signifie qu’ils veulent nous aider à repartir sur de bons rails. Donc qu’ils s’intéressen­t à nous, à notre programme et au championna­t du monde d’endurance.

Actuelleme­nt, où en êtesvous du développem­ent de la GSX-R dernière génération ?

Avec notre ancienne équipe technique, on avait fait un peu le tour de la question. Jusqu’à tourner en rond... Alors je suis content de voir arriver du sang neuf qui peut nous donner de nouvelles idées, nous aider à trouver d’autres solutions. En , la régularité était au rendez-vous, mais on n’a jamais été en mesure de gagner, de mettre à mal nos rivaux. Comme d’habitude, l’adhérence constitue une priorité essentiell­e. Sans elle, vous ne pouvez pas aller plus vite. Les pneus tiennent un rôle prépondéra­nt. Est-ce que les manufactur­iers concurrent­s (Bridgeston­e et Pirelli, ndlr) ont progressé un peu ? Beaucoup ? Nous, on sait que Dunlop a toujours été performant au Castellet. On a toujours été capable de jouer la gagne ici. Voyons voir si ça continue...

À propos d’adhérence, le nouveau revêtement du circuit Paul-Ricard avait mis pas mal de pilotes en colère l’an dernier. Qu’en est-il aujourd’hui ?

En un mot, c’est parfait. Conditions excellente­s. Pas de bosse. Regardez-les chronos, par rapport à . L’améliorati­on saute aux yeux.

Le dernier double tour d’horloge remporté par le SERT, c’est le Bol . Vous ne commencez pas à trouver le temps long ?

(Il se marre) On a déjà retrouvé le chemin du podium cette année. Une bonne bouffée d’oxygène. La victoire ? Ouais, elle se fait désirer. La concurrenc­e est de plus en plus dense, affûtée. Pas facile. Nous venons tout de même de manquer de justesse un titre mondial que l’on aurait mérité de gagner. Si le succès arrive ce week-end, on l’appréciera d’autant plus.

Surtout qu’il s’agirait du dernier Bol victorieux, si on vous a bien compris...

En effet. Je l’ai annoncé récemment. Ma longue trajectoir­e avec le SERT s’achèvera en fin d’année. Je dispute les deux premières manches du championna­t  (Le Bol d’Or puis les  Heures de Sepang, le  décembre) pour épauler le nouveau staff. Pour que le changement ne soit pas trop brutal. Après, il sera temps que le vieux passe la main. (Rire)

Dans quel état d’esprit démarrez-vous ?

Détendu ! Mais avec la volonté de finir l’histoire en beauté. Je crois en nos chances.

Dimanche soir, quel que soit le résultat, il y aura un petit pincement au coeur à l’issue de ce dernier Bol ?

Pas sûr que ce soit le dernier. Vous me reverrez peut-être au guidon l’an prochain. Pour le plaisir, pas pour décrocher la timbale. D’une manière ou d’une autre, je serai présent sur les courses d’endurance en . J’ai envie d’apporter mon expérience, sur la piste, dans un stand ou au micro.

Pour conclure, si on vous demande le souvenir numéro  lié au Bol d’Or ?

Ouf, laissez-moi réfléchir, j’en ai gagné huit ! Forcément, la première victoire m’a marqué (en , à Magny-Cours avec Matthieu Lagrive et Keichi Kitagawa). Mais je garde aussi un souvenir très fort de la dernière en date, , ici avec mon pote Anthony (Delhalle, mort en piste six mois plus tard). L’ultime belle saison du SERT.

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D’une manière ou d’une autre, je serai présent sur les courses en  ”

Prolongati­on scellée, qualificat­ions tronquées

 ??  ?? Vincent Philippe : « Le SERT a toujours été capable de jouer la gagne au Castellet. Voyons voir si ça continue... » (Photos Eric Damagnez)
Vincent Philippe : « Le SERT a toujours été capable de jouer la gagne au Castellet. Voyons voir si ça continue... » (Photos Eric Damagnez)
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