Nice-Matin (Cannes)

Déchets : à l’Ouest il y a urgence

Crise des déchets : pour Jean Leonetti, l’usine d’incinérati­on des Semboules ne peut pas absorber seule les 40 000 tonnes liées au manque d’un nouvel exutoire dans le départemen­t

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Constater que l’usine d’incinérati­on et de valorisati­on des Semboules, modernisée en « Unité de Valorisati­on Énergétiqu­e », il y a dix ans, fonctionne bien, et surtout, qu’elle est au maximum de sa capacité : tel était le but de la récente visite de Jean Leonetti et sa rencontre avec les responsabl­es d’Univalom, le syndicat mixte propriétai­re du site et Velomed (Veolia) chargé de son exploitati­on, dans le cadre d’un Partenaria­t Public Privé (PPP). Une visite sur le terrain qui ne doit rien au hasard. Elle intervient dans un contexte départemen­tal de crise de traitement des ordures ménagères. Préfecture, élus, représenta­nts des différente­s agglomérat­ions et syndicat de gestion des déchets... Tout le monde en convient, au grand jour : il y a urgence ! Le problème, récurrent depuis des années, a été particuliè­rement mis sur le gril à la suite de la découverte, fortuite, de 500 tonnes de poubelles de particulie­rs, des secteurs de Cannes et Grasse, acheminées depuis le Centre de Valorisati­on Organique du Broc, (géré par le Syndicat mixte des ordures ménagères) par camion jusqu’à l’usine de Labeuvrièr­es, dans le Pas-de-Calais (Nice-Matin du 16 novembre). Peu écologique et surtout, signe d’un malaise important.

Ces déchets n’ont pas été traités, comme ils auraient dû l’être, par le Centre de Valorisati­on Organique, et les autres exutoires du départemen­t arrivant au maximum de leur capacité de traitement, Veolia a trouvé cette « solution » : expédier les ordures dans le nord de la France. Autre « solution », assumé par le Smed (Nice-Matin du 16 novembre) : stocker des ordures ménagères, déjà triées et mises sous balle hermétique.

Les autres exutoires du départemen­t où sont-ils ? À Nice, plus précisémen­t dans le quartier de Nice où est implantée depuis quarante ans une usine d’incinérati­on et à Antibes, donc. Ici sont acheminés les collectes d’ordures ménagères du territoire couvert par Univalom. C’est-à-dire, toutes les communes de la CASA (Communauté d’agglomérat­ion de Sophia Antipolis), Mougins, le Cannet, Mandelieu-la-Napoule, Théoule et Mouans-Sartoux.

Capacité maximum atteinte

L’autorisati­on d’incinérati­on de l’UVE est de 160 000 tonnes par an. Chaque heure, environ 10 tonnes sont traitées. En 2017, on atteint une totalité de 163 278 tonnes pour une production de 72 865 MWH d’électricit­é.

Depuis le poste de commandeme­nt qui surplombe le hall de déchargeme­nt, le ballet des camions benne est régulier. Dans la fosse immense, les ordures s’accumulent quasiment jusqu’au plafond. Deux grappins pilotés depuis la salle de contrôle extirpent chacun, à chaque prise, deux tonnes sont déversées dans les trémies d’alimentati­on des deux fours.

« On ne pourra pas absorber davantage de déchets venus du départemen­t, confirment les responsabl­es de Veolia déchets. Un propos qui conforte la position de Jean Leonetti, qui coiffe, ici, sa double casquette : président de la CASA et membre du nouveau pôle métropolit­ain Cap Azur, qui regroupent la CASA, Cannes Pays de Lérins et Pays de Grasse. « Nous avons des réunions régulièrem­ent avec le préfet pour gérer cette crise départemen­tale. La solidarité est évidente, mais, le problème est trop important pour qu’une seule structure absorbe tout cet excédent. Nous avons évalué la situation. On peut, ville par ville, lisser les traitement­s des déchets. Mais, cela ne dégagerait qu’une capacité de 10 tonnes » souligne Jean Leonetti. D’autre part, l’élu avoue qu’il est injuste de pousser pour les habitants, et surtout les riverains des Semboules, encore davantage les capacités de l’UVE, «à l’heure où nous incitons la population à faire des efforts de tri... Nous allons d’ailleurs passer à deux jours de collecte par semaine pour les bacs jaunes, qui seront, également d’une plus grande capacité. »

L’usine de l’Ariane bientôt en rénovation

Quel est cet excédent à « éponger » ? Il se chiffrerai­t à environ 40 000 tonnes. À répartir, peu ou prou, entre les unités d’Antibes et de Nice. Sauf que l’usine de l’Ariane, dont le délégatair­e est la Sonitherm, est ancienne et doit subir des travaux urgents de modernisat­ion, à hauteur de 17 millions d’euros. Pendant deux ans, l’installati­on ne pourra pas fonctionne­r à pleine capacité. Pour Jean Leonetti, « Ce qui est évident, c’est que le centre de valorisati­on du Broc refuse 70 % des apports. Ce n’est pas normal. Il manque un exutoire supplément­aire, dans l’ouest du départemen­t. Des années ont été perdues. Quelle solution ? Quelle structure ? À la demande du préfet, nous allons travailler tous ensemble, avec Cap Azur, Univalom, le Smede, Veolia...».

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(Photo Patrice Lapoirie) Chaque heure, entre  et  tonnes de déchets traités au sein de l’usine.

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