Affaire Fenu : la famille en quête de vérité
Quatre ans après la mort de son fils, dont les circonstances restent troubles, Marguerite De Saint-Mareville se bat pour retrouver son corps. Une reconstitution du drame aura lieu demain
Quatre ans de calvaire. De doutes, d’hypothèses et conjectures. De questions sans réponses. Et enfin une lueur d’espoir. Demain, une reconstitution de l’assassinat de Thibault Fenu aura lieu au Cannet. Sa mère, Marguerite De Saint-Mareville, souhaite de toutes ses forces que cette date signe la fin de son supplice. « Je veux retrouver son corps. Avoir un endroit pour que l’on puisse se recueillir. Savoir ce qu’il s’est passé. Qu’on trouve les coupables, qu’ils soient punis. »
« Relation toxique »
La dernière fois qu’elle a parlé à son fils, c’était le 22 octobre 2015. À l’époque, le jeune homme alors âgé de 33 ans entretient depuis plus de deux ans une relation compliquée avec une habitante du Cannet. Une mère de famille au passé trouble dont il est tombé éperdument amoureux en 2013, alors qu’il passait des vacances à Cannes.
« Il voulait l’aider, la sauver. On se parlait très souvent. Ils avaient fini par se séparer. Mais elle est revenue le chercher alors qu’il retournait s’installer à Paris, relate Marguerite. Quelques jours avant, je lui avais dit de ne pas céder, que c’était une relation toxique. »
Si la maman a rapidement eu des soupçons quant à l’implication de cette femme dans la disparition de son fils, elle devra attendre juillet 2017 pour que la justice abonde en ce sens. L’ex-compagne est, cet étélà, mise en examen pour assassinat et écrouée en attendant les suites de l’enquête.
L’amant se pend, le mystère s’épaissit
La suspecte explique aux enquêteurs que Thibault serait effectivement décédé à son domicile après une altercation avec un autre homme, avec lequel elle entretenait également une relation. Les faits se seraient déroulés dans la soirée du 22 octobre 2015. Une version que le second amant, un jeune homme, âgé d’à peine 18 ans, ne pourra jamais confirmer : il s’est pendu en mars 2016, en laissant ces quelques mots : «Je ne suis pas un assassin ». Sa mort épaissit encore un peu plus le mystère autour de la disparition de Thibault Fenu. « C’est atroce de ne pas pouvoir démêler le vrai du faux », souffle Marguerite. Si dans un premier temps, la « maîtresse aux deux amants » avoue avoir aidé à enterrer le corps de Thibault à Mons (Var), elle finit par se rétracter. Les recherches sur place ne donnent rien. Marguerite, elle, s’accroche à cette piste. Et depuis, arpente sans relâche les chemins sinueux aux abords du village. Retirée dans la Creuse – « je ne veux plus voir personne depuis » – elle est revenue à de nombreuses reprises à Mons.
« Aucun endroit où se recueillir »
« Des amis m’ont accompagnée. On a cherché dans différents secteurs, interrogé les habitants pour savoir s’ils avaient vu ou entendu quelque chose cette nuit-là. » Cette maman désespérée a également collé des affiches, lancé des appels à témoins dans le quartier où a disparu son fils.
Sans succès.
« Depuis 4 ans, on est en suspens. On ne vit plus. On n’a aucun endroit où se recueillir, déposer des fleurs, honorer sa mémoire. »
La famille, brisée, espère donc beaucoup de la reconstitution à venir.
« On veut la vérité. Pour nous. Pour son fils qui a aujourd’hui 11 ans et qui l’adorait. Parce qu’il ne méritait pas ça. Témoigner, c’est une manière de ne pas oublier Thibault. On n’arrêtera jamais de le chercher. »