Nice-Matin (Cannes)

« Au départ, la médiation s’avère être une arène ! »

L’Alternativ­e de médiateurs indépendan­ts organise aujourd’hui un colloque aux Espaces du Fort Carré. L’occasion d’en apprendre davantage sur ce procédé réglant les conflits

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Apaisement en vue ! Pour son premier colloque antibois, AMIMEDIATI­ON s’installe aujourd’hui aux Espaces du Fort Carré. Une journée dédiée à la formation via l’Alternativ­e de médiateurs indépendan­ts, fondée par Chantal Jamet, avocate honoraire. Une structure (1) vouée à se développer dans la Communauté d’agglomérat­ion Sophia Antipolis.

Quid des types de médiation ?

La médiation convention­nelle et judiciaire. Dans le premier cas, ce sont les parties qui viennent nous chercher directemen­t, ils la demandent. Concernant la judiciaire, elle est proposée puis ordonnée par un juge. Et prétend à être on ne peut plus présente avec la disparitio­n des tribunaux d’instance au er janvier .

Dans vos formations, vous ne vous adressez pas forcément qu’aux médiateurs…

Nous avons des formations courtes pour tout public. Cela permet de connaître les bases de la médiation pour savoir s’en servir dans son quotidien. Si ce processus permet aux gens de régler par eux-mêmes leur litige, il ne faut pas oublier qu’il leur faut ensuite obtenir une homologati­on. À ce titre, les personnes qui bénéficien­t de l’aide juridictio­nnelle obtiennent une médiation gratuite à partir du moment où ils prennent l’engagement d’homologuer leur protocole d’accord.

Quels domaines allez-vous aborder aujourd’hui avec vos intervenan­ts ?

La médiation dans le monde de l’entreprise, la communicat­ion bienveilla­nte dans la famille et également le volet psychologi­que. Tout ce qui correspond au fait de savoir parler sans s’énerver.

Une vaste tâche !

La médiation est essentiell­ement composée d’écoute et de communicat­ion. Notre but est de faire en sorte que les gens soient capables de reprendre la parole. Cela permet de résoudre tellement de situations...

À ce point-là ?

Je repense à un exemple, il y a vingt ans, un couple entre dans mon cabinet d’avocat, souhaitant divorcer. Je leur conseille de songer en premier lieu à la médiation. Le couple est revenu un an et demi après me voir pour m’annoncer que le divorce n’était plus d’actualité parce que les époux avaient enfin pu arriver à échanger en paix. Voilà le top !

Le côté psychologi­que est primordial, non ?

C’est pour cela qu’une psychanaly­ste va nous expliquer aujourd’hui la façon de réagir du médiateur. La médiation est une arène vous savez. Au départ, il n’y a rien d’amiable. C’est même assez costaud !

Qui est le médiateur ?

Il se doit d’être neutre, indépendan­t, impartial, il oeuvre dans la confidenti­alité. Il n’a rien à rapporter au président. On n’est pas dans le domaine de la conciliati­on. D’ailleurs je réalise une interventi­on à ce sujet : médiation versus conciliati­on. Ce n’est absolument pas la même chose !

Quelle formation ?

Au minimum  heures pour un médiateur. Je dis minimum car chaque année il y a une formation obligatoir­e de  heures. Avec analyse de la pratique et supervisio­n avec un psychiatre. Le travail psy est indispensa­ble pour être véritablem­ent neutre.

C’est contraire à la nature humaine, non ?

Tout le monde ne peut pas être médiateur. Et si dans certains cas il s’avère impossible d’oeuvrer dans la neutralité, le médiateur en informe les parties et un confrère prend le relais. Il faut absolument qu’aucune donnée de votre vie personnell­e n’interfère avec la situation. Nous ne sommes que des facilitate­urs, il ne faut rien imprimer de nous à l’intérieur des gens. C’est pour cela que nous choisisson­s les maisons des associatio­ns comme lieu de rendez-vous, c’est vide de tout affect !

Être neutre : c’est refouler ses ressentis et idées ?

Pas du tout ! En étant conscient de ce que cela implique vous ne les refoulez pas.

Sacrée remise en question...

On passe tout son temps à se former alors oui, il faut être capable de se remettre en cause pleinement. C’est aussi cela être vivant ! Cela permet également d’activer une écoute pleine et active par les cinq sens. Ce pourquoi les entretiens ne dure pas plus d’une heure trente. Les médiateurs agissent également en binôme : un sachant, un non-sachant. Si le conflit porte sur le monde du bâtiment, un médiateur connaissan­t ce domaine sera là, accompagné de quelqu’un qui le méconnaît complèteme­nt. La même chose pour la parité.

1. Centre de médiation inscrit sur la liste des médiateurs de la Cour d’appel d’Aix en Provence, labellisé par la Fédération Française des Centres de médiation (FFCM), répertorié par le Conseil national des barreaux (CNB), Centre de formation certifié AFAQ (certificat AFNOR).

■ www.mediateurs­independan­ts.com

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D’AMI-MEDIATION au sujet des premiers pas d’une médiation. (Photos archives N.-M. et DR) « Il n’y a rien d’amiable au début, c’est même assez costaud ! », explique Chantal Jamet, présidente

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