Nice-Matin (Cannes)

La culture ? C’est son affaire !

François Guédon propose L’affaire Guédon dès ce soir sur les planches du théâtre Le Tribunal. Un seul en scène mariant notamment petit écran et bibliothèq­ue

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Retentissa­nte, L’affaire Guédon ! Ses conséquenc­es ? On ne les détaille plus… Émeutes, millions de morts, du feu, du sang : même Faites entrer l’accusé s’y est mis. Ça ne vous dit rien ? Rien de rien ? Alors François Guédon va vous rafraîchir la mémoire à grand renfort d’alexandrin et de tubes cathodique­s. Le comédien offre son seul en scène entre téléréalit­é et littératur­e de haut vol, dès ce soir au théâtre Le Tribunal.

De Racine à Nabilla donc ?

Je suis autant un enfant de la littératur­e que de la télé. Il y a du bon et du mauvais dans le deux. J’ai un profond amour pour la télévision. Je pense à certains programmes, notamment C’est pas sorcier avec Fred et Jamy.

Et le mauvais côté de la littératur­e ?

Je pense plutôt à du Musso, du Levy, ces romans qui ont peu de fond. Attention : il en faut aussi, mais il ne faut pas que cela.

Vous écrivez depuis longtemps ?

J’ai chopé le virus du théâtre ado, j’ai toujours aimé les mots, c’est pour cela qu’après une Terminale S j’ai fait une prépa littéraire. Mais comme je respecte trop le métier de professeur pour ne pas vouloir le faire, je suis parti en école de commerce. J’ai découvert les cours de théâtre, l’impro, le plaisir d’écrire des sketchs avec des camarades… La genèse de ce spectacle c’est  : je décide de faire de la scène mon métier et la création évolue au gré des scènes. J’avais vraiment la volonté de ne pas proposer une suite de sketchs.

Votre mécanisme d’écriture ?

D’abord trouver un sujet, quelque chose d’intéressan­t à dire. Et chercher comment je peux l’exprimer de manière drôle. Mais il faut du fond derrière. La vanne juste pour la vanne, c’est beaucoup moins percutant.

Vous dîtes qu’il n’y a pas de message moralisate­ur, mais partagez-vous une réflexion à travers cette création ?

Vu que c’est mon premier spectacle, je voulais partager ma vision de la culture dans son ensemble. D’ailleurs, je parle aussi de musique. La culture reste un sujet ultra important, notamment avec ce qu’elle vit comme mutations en ce moment. Je veux seulement montrer qu’il n’est pas nécessaire de rentrer dans l’élitisme en ne se tournant que vers Balzac en décriant Hanouna. Des ponts existent entre toutes les formes de culture : rester curieux, ce serait ça mon message. C’est en se confrontan­t à ce qu’on ne connaît pas qu’on apprend.

En termes de mutation, on pense à YouTube…

J’y fais d’ailleurs référence dans mon spectacle. Je pense aussi aux pratiques, au replay. YouTube remplace peu à peu la télé…

Certaines chaînes YouTube reprennent d’ailleurs les codes de la télé…

On a passé l’époque des pionniers. C’est vrai que, malheureus­ement, certains commencent à faire ce qui fonctionne au niveau de l’audimat, en délaissant l’originalit­é.

Qui suivez-vous sur YouTube ?

Le Joueur du grenier : il a une manière de se réinventer constammen­t avec des formats différents. Je pense aussi à Coup de phil’ de Cyrus North qui vulgarise la philosophi­e, Thinker View avec des formats très longs, aux antipodes de l’ambiance actuelle, où ils laissent le temps aux gens de former leur pensée. On sent une vraie appétence pour la réflexion. On y revient. Niveau télé j’adore le Vu de France , dans le même esprit du zapping de Canal +, c’est une forme de narration qui en dit beaucoup de manière très condensée.

Également chroniqueu­r chez Anne Roumanoff à Europe  : vous aimez l’urgence de l’écriture radio ?

Sachant que l’on a entre  et  heures pour écrire, c’est quelque chose que j’adore ! L’énergie du stress fait sortir des choses qui ne seraient jamais sorties. On voit des pépites ! Après, j’ai aussi besoin de l’autre exercice, où le temps est plus long. C’est idéal d’avoir les deux !

Vous gardez quelque chose de vos chroniques ou c’est du  % éphémère ?

Il y a souvent des petites idées, des phrases, deux ou trois punchlines qui continuent de vivre. Un petit  % dans tout ce qu’on écrit qui peut persister. Mais quand on écrit sur de l’actu, on comprend que les vannes ont des dates limites de consommati­on. D’ici trois semaines, il sera impossible d’en faire certaines : plus personne n’aura la référence ! Mais quoi qu’il en soit, on écrit jamais en vain !

Un p’tit mot pour le public ?

J’aime beaucoup ce que vous faites. [rires] C’est vrai, on existe uniquement grâce à lui !

Savoir +

L’affaire Guédon, ce soir, demain, vendredi et samedi à 20 h 30, au théâtre Le Tribunal, 5 place AmiralBarn­aud à Antibes. Tarifs : 11 à 15 euros - 8 euros la première ce soir. Rens. 06.43.44.38.21. www.theatretri­bunal.fr

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France