Nice-Matin (Cannes)

Ninia,  ans : « Si j’ai cinq ans devant moi...»

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Ninia, 86 ans, vient de s’inscrire à l’agence Fidelio. Après cinquante années de mariage et huit ans de veuvage. « Mon mari et moi avons eu une très belle vie, si ce n’est qu’il a été malade pendant vingt ans et que les dix dernières années ont été très, très difficiles. » Pendant trois ans, elle s’est sentie « dans le brouillard ». Puis a vécu une « relation virtuelle » avec un Corse marié qu’elle n’a jamais rencontré. « Nous avons eu beaucoup de bonheur. Personne ne pouvait me comprendre, moi je me comprenais très bien. » Cet homme emporté en un mois par un cancer, fin de la relation électroniq­ue et des échanges téléphoniq­ues. Du chagrin, mais rapidement cette évidence : « Ce n’est pas possible, je ne peux pas rester seule. J’ai besoin d’une affection. »

Après seulement une semaine d’inscriptio­n dans son agence matrimonia­le, Ninia avait déjà un rendez-vous. Ce qu’il en est sorti est un mystère. Elle veut le préciser : « J’ai un très bel appartemen­t et une retraite confortabl­e. Je ne suis pas vénale. »

Cette mise au point étant faite, il y a le reste. Tout le reste. La perspectiv­e de relations intimes ? « Cela ne me rebute pas. » Ce qui prime n’est pas là. « Sortir, aller au cinéma, voyager, c’est ma priorité. »

« Chacun chez soi »

Dans son esprit, ce sera « chacun chez soi ». Ninia sait ce dont elle ne veut pas. « Je ne peux pas supporter l’idée d’avoir quelqu’un à la maison. Ah non ! Vous rigolez mais c’est vrai : déjà, le matin, pendant une demi-heure, je ne suis pas visible… »

Le principe d’une rencontre sur le tard ne lui pose aucune difficulté. «Si j’ai quatre, cinq ans devant moi, croyez-vous que je doive les perdre ? Les hommes qui sont veufs, pensez-vous qu’ils attendent autant de temps pour penser à retrouver une âme soeur ? Non. Moi, j’estime que les quelques belles années qu’il me reste à vivre, autant les partager avec un homme affectueux, intelligen­t et qui ait de l’humour. »

Qu’en diront ses enfants ? « Alors là, qu’ils ne se permettent pas de juger. Je les adore, je fais tout pour eux, mais qu’ils me f... la paix ! »

« Quelques belles années »

Ninia ne leur a pas encore parlé de son inscriptio­n chez Fidelio. De leur côté, ses amis sont derrière elle à 100 % : «Ils trouvent que j’ai le courage de le faire et que c’est très bien. »

L’octogénair­e se rappelle une tante de son mari, disparue à 94 ans. « Les trois dernières années, ses enfants ont été obligés de la mettre dans une maison de retraite. Quand l’une de ses filles s’y est rendue pour récupérer ses affaires, un monsieur s’est approché d’elle et lui a dit, les larmes aux yeux, qu’il avait vécu avec sa mère trois années de bonheur. Vous voyez ? Donc, ça existe. »

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