Et maintenant l’économie…
Alors que vient de s’ouvrir l’acte de la crise sanitaire, le pays, avec la reprise progressive de l’activité, doit maintenant relever un défi tout aussi difficile que l’endiguement de l’épidémie : enrayer la crise économique qui est déjà là et menace d’être dévastatrice. Les prévisions de la Commission européenne rendues publiques le mai sont, en effet, particulièrement préoccupantes. Au terme de cette année , la récession dans la zone euro s’y traduirait par une chute
moyenne du Produit intérieur brut de , %. Le taux de chômage, de son côté, y progresserait de deux points pour atteindre , %. Pour la France, les chiffres annoncés sont encore plus alarmistes : une chute du PIB de , % et un chômage qui passerait de , % à , % de la population active. Bref, le spectre du chômage de masse est de retour et probablement assisterons-nous à un sinistre cortège de faillites. Les adeptes de la décroissance qui, depuis des années, nous serinent sur les dangers du progrès continu vont devoir revoir leurs dogmes. Il n’y a pas d’avenir sans croissance. Certes, on peut la rendre plus écologique, plus éthique et plus
qualitative mais lorsqu’elle se dérobe vient toujours le temps des catastrophes. Le redressement risque, cependant, d’être une rude tâche pour le gouvernement. D’ores et déjà, il apparaît que la France est (avec l’Espagne et l’Italie) l’un des trois pays européens les plus affectés sur le terrain économique (comme en matière sanitaire). C’est une nouveauté par rapport à la crise financière de . L’Hexagone avait alors mieux résisté à la récession (-, % de PIB en ) que l’Allemagne (- %). Nos voisins d’outre-Rhin, selon les données de Bruxelles, devraient connaître cette année une chute du PIB limitée à , % et le taux de chômage y passerait seulement de , % à %.
Ces chiffres soulignent notre faiblesse et surtout un phénomène inédit : grâce à sa dépense publique considérable et ses importants amortisseurs sociaux, la France a toujours mieux encaissé le choc immédiat des crises économiques que ses voisins. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et cela devrait, hélas, compliquer la suite.
Car l’histoire montre aussi que nous sommes toujours sortis des crises avec une croissance plus faible que celle de nos voisins.
À n’en pas douter, le recul sans précédent que nous subissons est la traduction d’un affaiblissement économique global et d’une gestion peu vertueuse de nos finances publiques depuis ans. Nous étions avant la crise l’un des mauvais élèves de la zone euro, espérons ne pas en devenir l’homme économiquement malade.
« La France a toujours mieux encaissé le choc immédiat des crises économiques que ses voisins. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. »