. Retrouvailles au travail
Ceux qui ont repris le travail en vrai sont aussi déstabilisés. A Cagnes, boulevard Kennedy, Bruno, le patron de l’agence immobilière Laforêt, affiche pourtant un sourire de soulagement circonspect. Dans le grand open space de l’agence, toute l’équipe est là. Yannick, Dominique, Damien, Iana, Marine, Laurence, Rita et Christine. Les uns avec masques, les autres sans. La pièce qui donne sur le boulevard est suffisamment grande pour que les gestes barrières soient applicables. Etrange scène d’un staff qui ne s’est jamais perdu de vue, pardon de visioconférence – « on se faisait des apéros de boulot super régulièrement ! » - mais réapprend le langage du corps. Bruno au centre, les autres en cercle autour, chacun à plus de deux mètres de distance. Une scène en mode attaque de la caravane dans le grand Ouest.
On a apporté des croissants. Et du gel hydroalcoolique, mais il y a quand même du café. Les uns évoquent les enfants qui «nereprendront pas l’école ». «On a de la chance, ils sont en fin de collège et au lycée. Ils peuvent se garder tout seul. » Entre les lignes, on mesure l’embarras de ces parents s’ils avaient eu des enfants plus jeunes. Le téléphone sonne. Christine décroche : « C’est une recherche de location… » On reste positif. « Ça va reprendre. »
On s’interroge aussi sur le risque de la valse des offres et contre offres : «Ce qu’on peut craindre, c’est que les acheteurs s’imaginent que les prix vont chuter à cause de la crise dont on nous dit qu’elle sera terrible, et que, dans le même temps, les vendeurs fassent le dos rond et attendent que la situation se stabilise pour mettre leurs biens sur le marché. »