Le mystérieux château fort des Fos
Dominant la vieille ville fortifiée, les vestiges de la forteresse géante construite à Hyères vers l’an 1000 par Pons de Fos, et rasée par Louis XIII, continue à livrer ses secrets
Au Moyen Âge, sur un antique oppidum culminant à 200 mètres, a été dressé vers l’an mille l’un des plus grands châteaux forts de Provence. Depuis les contreforts de la chaîne des Maurettes où perchaient monastères et ermites, il dominait la plaine et les salines ponctuées de fermes et de villae, jusqu’à l’ancien comptoir phocéen d’Olbia, le vieux port romain de Pomponiana et les îles.
Fouilles et restauration
Si elles sont encore fermées au public en ces tout premiers jours de déconfinement, les ruines du château de Fos que l’on peut admirer depuis de nombreux points de la commune d’Hyères, ont fait l’objet ces dernières années d’importantes campagnes de restauration. La cité des palmiers y a aménagé un parcours guidé et gratuit en plein air, qu’on pourra si tout va bien fouler à nouveau d’ici peu. Agrémenté de panneaux explicatifs, il permet de visiter les différentes parties de cet imposant complexe défensif dont les vestiges gardent encore jalousement une bonne partie de leurs secrets. Deux vidéos sont mises en ligne sur le site de l’office du tourisme pour se familiariser avec les lieux (www.hyeres-tourisme.com).
Des fouilles récentes ont permis de mettre à jour certains éléments insoupçonnés de ce gros castéou. Outre ses donjons et ses meurtrières, l’escalade jusqu’à la table d’orientation offre un somptueux point de vue sur la ville, sa baie classée et son double tombolo. On redescend généralement par l’oliveraie multicentenaire qui moutonne autour des ruines, pour rejoindre les venelles de la ville médiévale. Plus tranquilles ces jours-ci qu’au temps de Saint-Louis où elles grouillaient de vie avec l’arrivée des beaux jours. L’histoire a retenu que le roi pieux y avait fait une halte de quelques jours, en famille, de retour de la 7e Croisade. Les Hyérois continuent à commémorer l’événement sur la plage de l’Ayguade où la nef royale aurait accosté.
Reliques souterraines
C’est en pourchassant les Sarrasins aux côtés de Guillaume de Provence, qu’un certain Pons de Fos, de Fos-surMer, récupéra les terres de Bormes, La Londe et Hyères où l’édifice est mentionné par écrit en 1062. Autour du castrum, sur les fonds de cabanes protohistoriques des premiers occupants de la colline, les maisons s’agglutinent peu à peu jusqu’à former une opulente bourgade, prompte à se refermer dans sa coquille en cas d’attaque. On en devine les contours en furetant dans les caves architecturées, miraculeusement préservées dans les entrailles de la haute-ville où les templiers ont laissé la marque de leur passage. Elles abritaient et abritent toujours des tavernes, des ateliers, des magasins… Équipées de puits et reliées entre elles par des souterrains, elles regorgeaient de jattes de vin et d’huile d’olive, et on y engrangeait les précieuses réserves de sel cultivé dans les marais.
Les honneurs de Saint-Louis et François Ier
Visites royales
Par temps de guerre, les habitants trouvaient un abri sûr derrière les remparts de la forteresse qui, avec son pont-levis, sa herse et ses fossés, ses réserves et ses passages secrets, pouvait soutenir un long siège. Les Fos la céderont pour 10 000 sous Provençaux à Charles Ier d’Anjou, puis elle passera dans la famille de Trans avant d’intégrer le domaine royal. François Ier et plus tard Charles IX accompagné de Catherine de Médicis, visiteront ses coursives et goûteront les agrumes qui poussent déjà dans les jardins, au pied de la première enceinte. Les « limoniers » et les orangers auront une plus longue vie que le château, en grande partie rasé sur les ordres de Louis XIII. Un long pan d’histoire et une balade royale, sur l’un des plus beaux balcons du littoral varois.