Nice-Matin (Cannes)

Breil : la route par l’Italie pour rejoindre le littoral toujours inaccessib­le

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h, à Breil. Les seules vitrines qui brillent sont celles de Spar et de Carrefour, tout le reste est fermé ou sur le point de l’être. Dans son bureau au premier étage de la mairie, André Ipert entend rouler les eaux de la Roya et trouve le bruit « très agréable ». C’est une histoire de jours, avant que son successeur n’investisse les lieux. Mais tant que le comité national scientifiq­ue n’a pas donné le feu vert pour la tenue d’un nouveau conseil municipal André

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Ipert est toujours Monsieur le maire. Il croise les mains et sourit : « Oui je fais du rab ! C’est pour l’intérêt général ». Lundi matin, il a visité l’école, trois classes de primaire prêtes pour accueillir  élèves, une en grande section de maternelle à «  ou  élèves ».

Les Breillois sont prudents, André Ipert est « serein » : « On a déployé le personnel du centre aéré à l’école, on a  personnels communaux pour chaque enseignant, qui gèrent le transport, l’entretien des locaux, la désinfecti­on des poignées, des tables et la cantine fonctionne ! »

En ce premier jour de déconfinem­ent, le maire a aussi en tête le marché qui se tient le mardi au village. Ce sera le premier depuis que la vie du village a été mise sur pause le  mars dernier :

« J’ai imposé le port du masque mais seulement là, pas dans la rue en général. » Les administré­s ont-ils réclamé les protection­s tant convoitées ?

« On avait un reliquat à la mairie qu’on a distribué au début à ceux qui en avaient le plus besoin : les soignants, les caissiers… » Et puis finalement, sur   personnes inscrites pour la grande distributi­on la semaine dernière, seules   sont venues récupérer leur masque à la mairie.

Depuis presqu’un mois, les habitants de la vallée qui doivent se rendre sur le littoral ne peuvent plus emprunter la route – la plus directe – qui traverse le territoire italien, sans se faire refouler à la frontière. Sénateurs, députés, maires, tout ce que l’Est du départemen­t compte d’élus a protesté – sans succès. Les Français profitent du transit pour faire leurs courses sans masque à Vintimille, ont rétorqué les Italiens.

Un jour, André Ipert a eu au téléphone un adjoint au maire de la commune voisine d’Olivetta mais la discussion a tourné court : « Il m’a dit qu’avec les migrants et l’arrêté anti- tonnes, nous leur avions fait du tort aussi. J’ai senti un petit esprit de revanche », raconte le Breillois, qui se demande si ça se passerait comme ça « dans une autre vallée comme la Tinée ou la Vésubie ». Il hausse les épaules : « On n’a pas de grands élus ici. » Le téléphone sonne, c’est pour un mariage. « J’ai dit que j’étais d’accord. » Elle et lui sont fonctionna­ires de police : « Ils ont besoin d’être mariés pour avoir leur mutation, alors on va les marier le plus vite possible. Mais ça ne sera pas moi, c’est mon successeur qui officiera. »

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