Nice-Matin (Cannes)

Le Centre scientifiq­ue de Monaco dépiste aussi

Depuis peu, une partie des prélèvemen­ts nasopharyn­gés, opérés au CHPG pour détecter le Covid-19, est analysée au Centre scientifiq­ue de Monaco qui dispose de la technologi­e nécessaire. Explicatio­ns

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Aux prémices de l’épidémie et jusqu’à fin avril, le dispositif de dépistage du Covid-19 en Principaut­é se résumait tel quel : les prélèvemen­ts nasopharyn­gés (1), effectués entre les murs du Centre hospitalie­r Princesse Grace, étaient envoyés hors des frontières du pays pour analyse en laboratoir­e spécialisé. A Nice, Marseille ou même Paris. Une externalis­ation des tests qui posait un problème majeur : le délai du résultat, incluant le temps de transport et l’engorgemen­t opérationn­el de ces structures.

« Dans un contexte d’isolement des patients contagieux, l’externalis­ation des tests fait perdre entre 48 et 72 heures. Avoir la capacité de faire des tests sur Monaco réduit ce temps à 24 heures maximum », confie Gilles Pagès, responsabl­e de l’équipe « Mécanismes de résistance aux thérapies ciblées » au sein du Départemen­t de biologie médicale du Centre scientifiq­ue de Monaco (CSM).

Inactiver le virus

Possédant des automates dits « PCR » pour les besoins de la recherche

(2) fondamenta­le, le CSM s’est proposé d’analyser une partie des prélèvemen­ts en provenance du CHPG, lequel continue toutefois à externalis­er des tests. Ne manquaient que les réactifs, capables de détecter le Covid-19. Ceux validés par l’Organisati­on mondiale de la santé étaient alors en pénurie, ceux de leurs fournisseu­rs ont mis pas moins de vingt jours à arriver. Autour du 20 avril, le CSM était opérationn­el.

Faire les analyses dans ses locaux du quai Antoine-Ier nécessitai­t de la prudence : « Il était hors de question que le virus infectieux soit présent au CSM, que ce soit pour le personnel ou les habitants de l’immeuble », précise Denis Allemand, directeur scientifiq­ue du CSM. Sans compter qu’une aseptisati­on totale des locaux avec des agents chimiques aurait eu des conséquenc­es néfastes sur les récifs coralliens, actuelleme­nt à l’étude en aquariums. « On a une méthode validée, une solution liquide qui permet d’inactiver le virus à la suite du prélèvemen­t nasopharyn­gé. Toutefois, le matériel génétique viral est toujours présent », explique Gilles Pagès. Dans une pièce hermétique, dotée d’un sas pour s’équiper d’une blouse, d’un masque et de gants, Jérôme Durivault et Guillaume Groshenry purifient alors le matériel génétique viral et le matériel génétique humain. Placé dans l’automate, le prélèvemen­t est soumis à une amplificat­ion. « À partir d’une toute petite quantité, de l’ordre du milliardiè­me de gramme, on multiplie en chaîne le matériel génétique pour arriver à des quantités mille fois supérieure­s et donc détectable­s par l’automate. »

Jusqu’à  prélèvemen­ts en  heures

L’automate peut traiter 30 échantillo­ns simultaném­ent, ce qui porte la capacité d’analyse à environ 90 prélèvemen­ts en 24 heures. «Un cycle dure environ quatre heures, du moment où l’on reçoit l’échantillo­n jusqu’au résultat. Si vous avez fait un prélèvemen­t au CHPG à 10 h, le résultat est connu dans l’après-midi », poursuit le chargé de mission.

Si la courbe révélée par la machine reste plate, le prélèvemen­t s’avère négatif. À l’inverse, si elle tend vers le haut, celui-ci est positif. Ce genre de tests PCR a, d’ordinaire, une fiabilité de 80 %. « Il peut y avoir des faux positifs ou faux négatifs. La qualité des prélèvemen­ts en hôpital est donc majeure. La petite brosse que l’on met et tourne dans le nez permet de récupérer des cellules. Ce sont elles qui contiennen­t un maximum de virus. Si le prélèvemen­t est mal fait, on peut ne pas avoir suffisamme­nt de virus pour une détection par le test PCR. L’appareil dont nous disposons, grâce à plusieurs contrôles, permet de s’assurer que le prélèvemen­t nasopharyn­gé a bien été effectué. »

Le temps de la mise en place, une quinzaine de tests PCR ont été effectués au CSM. Lequel est désormais capable d’en pratiquer 80 à 90

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(Photos Cyril Dodergny et DR) Le CSM peut analyser jusqu’à  prélèvemen­ts en  heures.
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