Notre-Dame d’Afrique, élever corps et âmes
Pour reprendre les balades, on a demandé à des vadrouilleurs de nous emmener sur leurs chemins préférés. Direction l’Estérel, au départ de Théoule-sur-Mer, avec Maddy, créatrice de Rando d’Azur.
Vont-elles tenir le coup, nos guiboles ? Après avoir tellement bien mis au rancart les godillots de rando qu’on n’est même plus fichus de les retrouver à l’heure du déconfinement, la question émerge... « On va reprendre en douceur, avec une première sortie de moins de trois heures, au faible dénivelé », rassure Maddy Polomeni. La jeune guide de randonnée, qui a fondé il y a quelques années l’hyperactive association Rando d’Azur, à Mandelieu-la-Napoule, fait elle aussi son grand retour sur les chemins de balade. Avec Xavier, guide également, ils ont mis le confinement à profit pour plancher, sur le long terme, à un joli projet de structure spécialisée dans la préparation de treks, randonnée, escalade, survie, kayak... Et ils sont prêts à encadrer les balades ainsi que les sessions marche nordique depuis hier (1). En petits groupes, pour l’heure, de neuf personnes maximum, qui devront respecter une distance de deux mètres entre elles. Pas d’apéro-rando (pas tout de suite), mais les deux pros au sourire communicatif nous entraînent déjà dans l’Estérel, un de leurs terrains de jeux favoris pour prendre une première bouffée d’air frais. Notre but ? Le mémorial de Notre-Dame d’Afrique à Théoule-sur-Mer. Depuis déjà quelques années, le pèlerinage forestier est moins question de religion, que de chaussures à crampons. Le randonneur n'est pas forcément prieur.
Immortelles et lavandes
Sur le chemin, même si ce n’est pas la grande ruée vers les massifs, on croise quelques familles de marcheurs aux gambettes blanches et une poignée de VTTistes, gonflés à bloc. Le parcours, de deux heures – trois si l’on marque une pause en haut – débute dans le vallon de l’autel, auquel on accède par le parking de la rue Jean-Baptiste Pastor. On longe un petit cours d’eau. La piste est ombragée. « C’est ce qui en fait une balade agréable, même en été », note Maddy. Il faut suivre le GR 51 pour rejoindre le col de Théoule. Le long, on croise des chênes-lièges, des immortelles – secret de jouvence utilisé dans les crèmes de beauté – des lavandes papillon, des fougères aigle. « Et parfois des animaux... Si on en voit, surtout en ce moment où ils n’ont eu le massif que pour eux pendant plus de cinquante jours, on ne les approche pas ! Plusieurs espèces sont en pleine période de reproduction et donc plus méfiantes que d’habitude », préviennent les guides. L’azur de la mer se décroche peu à peu du rouge de la roche de l’Estérel. Et Notre-Dame d’Afrique se dresse, majestueuse. OEuvre monumentale de Fortuné Evangelisti. Douze mètres de haut. Trente tonnes de métal, la surprise est de taille. En gardienne de l'Estérel et de l'Histoire, la gigantesque vierge noire, celle qui veille sur la communauté d’« Alger la blanche », règne sur son promontoire naturel. Cernée de pins maritimes et bercée par le chant des cigales. À côté, un coquillage incrusté dans la roche indique le chemin vers Saint-Jacques. Au loin, les îles, Saint-Honorat surtout, s’offrent à un nouveau regard. Et se retrouver ainsi face à la Grande Bleue, invite forcément à l'élévation de l'âme. 1. randodazur.com