Le Cannet : la PM sur tous les fronts du Covid-
Les 90 agents n’ont pas chômé avec 1 492 PV dressés du 21 mars au 5 mai. En attendant des bornes de gel sans contact, les squares, places, espaces boisés restent fermés jusqu’au 31 mai
La carrure solidement tankée à son bureau, avec une cible de tir notée 25/25 derrière son dos. Alain Cherqui enfile son masque. La protection dissimule à peine des cernes bien creusés. Depuis le 17 mars, le directeur de la PM, que d’aucuns surnomment le shérif du Cannet, n’a vraiment pas chômé. Toujours là pour montrer l’exemple à ses 90 agents. Car avec l’arrivée du Covid-19, plus question de penser repos ni congés. «On s’est totalement réorganisés, même si la vie de mes agents, intime et familiale, en est toute chamboulée, tonne le boss de la sécurité. On a continué d’exercer normalement, pas pour dire qu’on est mieux que les autres, mais parce que, comme le pâtissier à Noël, on se doit d’être là quand la situation l’impose ». Amplitudes horaires, renforts de nuit, vacances ajournées « jusqu’à nouvel ordre » afin d’assurer une présence 24/24 h. TelQ dans un James Bond, Alain Cherqui sort un à un ces équipements, qui ont permis aux policiers de rester sur le terrain : mégaphones pour faire respecter les distances sociales, thermomètres frontaux, sous forme de pistolet ou de terminal (110 en tout) pour éviter la fièvre à l’entrée des bâtiments publics, gel hydroalcoolique en spray, gants, masques, lunettes et même visières. Les véhicules : reconfigurés en quatre compartiments plexiglas pour isoler le conducteur et chaque passager, avec un seul policier à bord pour les patrouilles. Avec l’ère de confinement, les missions sont devenues contagieuses, elles aussi : surveillance aux points de dépistage, devant le bureau de poste, distribution d’aide alimentaire, de matériel au personnel soignant. Sans oublier l’hypermarché Leclerc, si décrié, et menacé de fermeture : «Son directeur a vu la PM débarquer tous les jours, même si ce n’est pas le domaine public assure Alain Cherqui. Aujourd’hui, il a pris toutes les mesures de sécurité sanitaire préconisées, et s’il y a encore des problèmes, il ne faut pas hésiter à nous faire remonter l’info, car nous sommes tous responsables à l’égard de la propagation du virus ».
Incivisme et injures
Et puis, les missions de pure sécurité et maintien de l’ordre, encore accentuées par l’instauration du couvrefeu pendant le confinement : 1 492 PV à 135€ ont été dressés du 21 mars au 5 mai. Avec des interventions parfois un peu « chaudes ». Le 5 avril à 18 h 15, la traverse Sassot faisait office de stade pour un match de foot urbain, avec les trottoirs pour bar à bières. Pour avoir sifflé la fin de jeu, deux agents ont été bousculés, victimes de crachats, et ont dû se faire dépister (sida et coronavirus) tandis que leurs deux agresseurs ont été condamnés à 6 mois de prison. Autre exemple, le 6 mai à 23 h, avec le patron d’un troquet qui s’est présenté devant les policiers sans attestation mais avec un couteau de cuisine ! Sans parler des rubalises et barrières arrachées ou déplacées chaque jour le long du Canal, des tournages de clip sur le plateau St-Jean, des pique-niques sur les espaces verts, ou de sports collectifs sur les toits d’immeuble. Incivilités sur le bitume et parfois menaces ou injures sur Internet… Avec le déconfinement, les policiers doivent désormais veiller aux entrées et sorties d’écoles. «Nos agents sont très fatigués, mais il faut continuer à veiller aux gestes barrière car le risque est toujours là », insiste Alain Cherqui. Même derrière son masque, le « shérif » veille au grain… ALEXANDRE CARINI