Vos rendez-vous Les griffes du ciel : roman pour prendre de la hauteur
L’ancien journaliste antibois publie son premier roman, aux éditions 5 Sens
Notre ancien collaborateur Joël Bernard publie son premier roman Les griffes du ciel, aux éditions 5 Sens (CH). Le vécu d'un enfant de la montagne des Alpes-de-Haute-Provence. Le propos est solide et passionnant, celui d'un authentique reporter un brin reconverti. Jamais les habitants de Trévans dans l’aprèsguerre, ce petit village du pays de Barcelonnette dans les Alpes-deHaute-Provence, n’auraient imaginé que leurs croyances, leurs coutumes, leur éprouvante ruralité survivraient des décennies après le rattachement de leur commune à celle d’Estoublon en 1973.
De Digne à Cannes en passant par Antibes
Lieux, dominant la vallée de l’Ubaye, cette localité rayée de la carte est le décor rude mais attachant de ce roman de Joël Bernard qui y transpose les choses de la vie dans un microcosme mêlé de sentiments, de conflits, de couleurs, de grandeur. Mais voilà que les décideurs aux dents longues entrevoient des aménagements parfois démesurés de stations de ski, que les impitoyables chasseurs et braconniers s’en donnent à coeur joie dans la traque du gros gibier, alors que, don du ciel, les jeunes gens du pays viennent prêcher la bonne parole écologique à la faveur de leurs vacances universitaires. Quentin d’abord… Point d’orgue de cette civilisation renouvelée qui rue dans les brancards des pratiques ancestrales : le respect de la vie sauvage, authentique à commencer par celle des animaux, au premier rang desquels figure, noblesse oblige, l’aigle royal. C’était l’époque des Dents de la mer pour les passionnés du septième art, voilà Les griffes du ciel pour les montagnards.
L’auteur pigmente les réflexes d’épouvante par la découverte du corps de la comtesse Irina, une résidente retrouvée lacérée : « Elle a été attaquée par des aigles ! » s’écrient à l’unisson les premiers témoins à l’adresse des gendarmes. Mais, comment le jeune Quentin, tout auréolé de savoir pacifique, peut-il renverser la situation et éviter une vaine expédition punitive contre les rapaces ? D’autant que Balthazar, le cantonnier marginal et alcoolique, fait aussi figure de suspect… Les serres effrayantes de ces oiseaux de légende, fil rouge de l’intrigue, seraient-elles véritablement les armes du crime ?
La vraie vie d’un village, en l’occurrence coupé du chef-lieu par une avalanche, passe de gesticulations en désarroi, de colères en passion… la passion triomphante de Quentin envers Julie, l’institutrice du pays, son adorable amie d’enfance. Ainsi, Trévans qui s’était endormi pour l’éternité se réveille résolument dans les rayons des libraires… Joël Bernard, journaliste, l’une des plumes talentueuses de Nice-Matin, réside aujourd’hui en Floride. Alors chef d’agence à Digne dans les années 60, il se passionna pour les coutumes et les légendes des montagnards bas-alpins, fasciné par la majesté redoutable de l’aigle royal. C’est plus tard, alors qu’il était devenu un acteur phare du Saint-Tropez des années 80, qu’il écrivit ce livre en souvenir de sa jeunesse. Nos lecteurs, sur la Côte d’Azur, appréciaient par ailleurs sa distinction, son écriture alerte, élégante et colorée et la pertinence de ses propos. Ses articles reflétaient son dynamisme sous les aspects les plus insoupçonnés. À Saint-Tropez il créait la Tansgolfe à planche à voile qui rassemblait chaque été des centaines, voire des milliers, de vacanciers de tous âges et de toutes nationalités. Jusqu’à SainteMaxime et retour, c’est pendant plusieurs jours que les véliplanchistes se croisaient dans le cadre de cette rencontre nautique dont la renommée avait vite franchi les frontières.
À Antibes, il était notamment de tous les événements mondains et artistiques. Présent dans la pinède de Juan lorsque Patricia Kass en concert avait « cassé sa voix », présent lorsque notre Johnny national rejoignant la même scène en bateau depuis Saint-Tropez accusait un retard dépassant largement l’heure tolérée et présent également lorsque Ray Charles avait été distingué dans la légion d’honneur par le maire Pierre Merli.
C’est à Cannes que Joël Bernard prenait sa retraite de journaliste mais pour l’heure, c’est plutôt dans le bouleversant pays de l’Ubaye qu’il convie ses lecteurs à prendre un peu d’altitude avec Les griffes du ciel.
■ Le livre peut être commandé sur le site Internet de la maison d'édition www.5senseditions.ch ainsi que par la FNAC.