Nice-Matin (Cannes)

Vos rendez-vous Les griffes du ciel : roman pour prendre de la hauteur

L’ancien journalist­e antibois publie son premier roman, aux éditions 5 Sens

- SERGE JAUSAS

Notre ancien collaborat­eur Joël Bernard publie son premier roman Les griffes du ciel, aux éditions 5 Sens (CH). Le vécu d'un enfant de la montagne des Alpes-de-Haute-Provence. Le propos est solide et passionnan­t, celui d'un authentiqu­e reporter un brin reconverti. Jamais les habitants de Trévans dans l’aprèsguerr­e, ce petit village du pays de Barcelonne­tte dans les Alpes-deHaute-Provence, n’auraient imaginé que leurs croyances, leurs coutumes, leur éprouvante ruralité survivraie­nt des décennies après le rattacheme­nt de leur commune à celle d’Estoublon en 1973.

De Digne à Cannes en passant par Antibes

Lieux, dominant la vallée de l’Ubaye, cette localité rayée de la carte est le décor rude mais attachant de ce roman de Joël Bernard qui y transpose les choses de la vie dans un microcosme mêlé de sentiments, de conflits, de couleurs, de grandeur. Mais voilà que les décideurs aux dents longues entrevoien­t des aménagemen­ts parfois démesurés de stations de ski, que les impitoyabl­es chasseurs et braconnier­s s’en donnent à coeur joie dans la traque du gros gibier, alors que, don du ciel, les jeunes gens du pays viennent prêcher la bonne parole écologique à la faveur de leurs vacances universita­ires. Quentin d’abord… Point d’orgue de cette civilisati­on renouvelée qui rue dans les brancards des pratiques ancestrale­s : le respect de la vie sauvage, authentiqu­e à commencer par celle des animaux, au premier rang desquels figure, noblesse oblige, l’aigle royal. C’était l’époque des Dents de la mer pour les passionnés du septième art, voilà Les griffes du ciel pour les montagnard­s.

L’auteur pigmente les réflexes d’épouvante par la découverte du corps de la comtesse Irina, une résidente retrouvée lacérée : « Elle a été attaquée par des aigles ! » s’écrient à l’unisson les premiers témoins à l’adresse des gendarmes. Mais, comment le jeune Quentin, tout auréolé de savoir pacifique, peut-il renverser la situation et éviter une vaine expédition punitive contre les rapaces ? D’autant que Balthazar, le cantonnier marginal et alcoolique, fait aussi figure de suspect… Les serres effrayante­s de ces oiseaux de légende, fil rouge de l’intrigue, seraient-elles véritablem­ent les armes du crime ?

La vraie vie d’un village, en l’occurrence coupé du chef-lieu par une avalanche, passe de gesticulat­ions en désarroi, de colères en passion… la passion triomphant­e de Quentin envers Julie, l’institutri­ce du pays, son adorable amie d’enfance. Ainsi, Trévans qui s’était endormi pour l’éternité se réveille résolument dans les rayons des libraires… Joël Bernard, journalist­e, l’une des plumes talentueus­es de Nice-Matin, réside aujourd’hui en Floride. Alors chef d’agence à Digne dans les années 60, il se passionna pour les coutumes et les légendes des montagnard­s bas-alpins, fasciné par la majesté redoutable de l’aigle royal. C’est plus tard, alors qu’il était devenu un acteur phare du Saint-Tropez des années 80, qu’il écrivit ce livre en souvenir de sa jeunesse. Nos lecteurs, sur la Côte d’Azur, appréciaie­nt par ailleurs sa distinctio­n, son écriture alerte, élégante et colorée et la pertinence de ses propos. Ses articles reflétaien­t son dynamisme sous les aspects les plus insoupçonn­és. À Saint-Tropez il créait la Tansgolfe à planche à voile qui rassemblai­t chaque été des centaines, voire des milliers, de vacanciers de tous âges et de toutes nationalit­és. Jusqu’à SainteMaxi­me et retour, c’est pendant plusieurs jours que les véliplanch­istes se croisaient dans le cadre de cette rencontre nautique dont la renommée avait vite franchi les frontières.

À Antibes, il était notamment de tous les événements mondains et artistique­s. Présent dans la pinède de Juan lorsque Patricia Kass en concert avait « cassé sa voix », présent lorsque notre Johnny national rejoignant la même scène en bateau depuis Saint-Tropez accusait un retard dépassant largement l’heure tolérée et présent également lorsque Ray Charles avait été distingué dans la légion d’honneur par le maire Pierre Merli.

C’est à Cannes que Joël Bernard prenait sa retraite de journalist­e mais pour l’heure, c’est plutôt dans le bouleversa­nt pays de l’Ubaye qu’il convie ses lecteurs à prendre un peu d’altitude avec Les griffes du ciel.

■ Le livre peut être commandé sur le site Internet de la maison d'édition www.5sensediti­ons.ch ainsi que par la FNAC.

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(DR) Joël Bernard, amoureux du ciel.

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