Puget-Théniers : « C’est quoi, c’est la messe ? »
Elles écarquillent les yeux comme pour mieux se voir. Celle qui est à l’intérieur porte un masque blanc, celle à l’extérieur un masque bleu. Elles sont soeurs, 71 et 68 ans, deux tables et l’encadrement d’une fenêtre les séparent. Elles ne se sont pas vues depuis deux mois. «Qu’est ce que tu regardes à la télé?» «Malheur les cheveux, je suis allée hier chez le coiffeur. Toi il va bientôt venir?» Tout d’un coup une musique interrompt l’échange. «C’est quoi, c’est la messe?» Pour accueillir les familles des résidents, on a dressé un barnum blanc, posé une gerbe de fleurs sur une chaise en plastique. Parfois, on offre des rafraîchissements. Chaque visite dure une demi-heure, sur rendez-vous et sur autorisation. Prise de température avant, gel hydroalcoolique et gants. «Pour les jeter, c’est dans le local en face», désigne la secrétaire à l’accueil. Surtout, ne pas laisser rentrer le Covid. L’Ehpad de Puget-Théniers a autorisé les visites le 27 avril. Depuis, comme l’établissement est loin, on en compte 5 ou 6 par jour.
En voiture de Saint-Laurent-du-Var
Michèle ne sait pas où mettre ses mains gantées. Elle s’est approchée de la fenêtre pour dire au revoir. «Une demiheure, c’est court, mais c’est déjà pas mal.» Elle habite Saint-Laurent-du-Var, elle est montée dans sa voiture à midi moins le quart pour être sûre d’être là à 14 heures. «Il n’y avait pas beaucoup de circulation.» Elle sourit. Etait-elle inquiète pour sa soeur? «Non, je n’avais pas tellement peur du Covid ici, c’est plutôt en ville que ça craint.»