Nice-Matin (Cannes)

Désinfecti­on des rues : des agents incommodés

Maux de tête, d’estomac, irritation de la peau et des yeux… Plusieurs agents affectés à la désinfecti­on des rues en période de crise sanitaire pointent l’apparition de symptômes

- SANDIE NAVARRA snavarra@nicematin.fr

Effet placebo ou réelle protection pour les Cannois ? La désinfecti­on des rues démarrée il y a quelques semaines a créé une énième polémique en période de crise sanitaire. Inutile, voire dangereuse pour certains, nécessaire ou rassurante pour d’autres…

Le maire de Cannes David Lisnard avait alors tranché : « Toutes les études démontrent la résistance du Covid-19 sur le mobilier urbain, ce n’est donc pas qu’une vue de l’esprit », prônait-il début avril alors qu’un drone larguait dix litres d’eau de javel par gouttelett­es place Roubaud, à la Bocca. Un produit distillé dosé à 0,5 % ne présentant « aucun risque pour l’homme ou l’animal. »

Malgré ces déclaratio­ns rassurante­s, plusieurs agents municipaux de la propreté urbaine – à qui incombe la désinfecti­on des rues – ont alerté leur syndicat sur l’apparition de nouveaux symptômes début mai.

« Certains ont indiqué souffrir de maux de tête, d’irritation­s de la peau et des yeux, ainsi que de maux d’estomac. Cette altération de leur état de santé semblerait découler de leur exposition répétée au produit désinfecta­nt qu’ils utilisent au quotidien », indique Robert Bacchi, secrétaire général du syndicat CGT ville de Cannes dans un courrier envoyé au maire.

Si tous les agents sont équipés de matériel adéquat fourni par la Ville (masque antiprojec­tion, combinaiso­n intégrale jaune vif, gants et chaussures adaptés), plusieurs d’entre eux ont toutefois préféré ne plus participer au nettoyage par mesure de précaution.

« Quelques-uns ont demandé à ne plus assurer les missions de désinfecti­on, au moins provisoire­ment, et leurs responsabl­es ont répondu favorablem­ent à leur attente, en leur faisant effectuer un autre travail. »

Le syndicat appelle donc à la plus grande prudence : « En tout état de cause, j’espère que les agents de la propreté urbaine qui sont affectés à la désinfecti­on de la voie publique feront l’objet d’un suivi médical particulie­r. Ils effectuent des missions difficiles et pénibles, au service de la population… »

« Personne ne s’est signalé »

Pour la Ville, « toutes les précaution­s nécessaire­s ont été prises. » « Nous avons indiqué que les agents incommodés pouvaient contacter le médecin du travail afin d’être examinés et affectés à d’autres tâches.

Or, personne ne s’est signalé à ce jour », affirme Dominique Aude Lasset, directrice adjointe des services, qui insiste : « La sécurité du personnel est une priorité. Nous veillons à ce que les protocoles et équipement­s soient adaptés et vérifiés. »

La désinfecti­on des rues est en tout cas terminée depuis le 12 mai, informe la mairie. Le procédé, appliqué depuis plusieurs semaines sur la voie publique, est désormais utilisé pour nettoyer mobilier urbain, squares, aires de jeux et passages souterrain­s. Prévoyante, la Ville a en effet commandé une grande quantité de produit, dont près de 30 000 litres n’ont pour l’heure pas été utilisés.

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Plusieurs agents municipaux chargés de la désinfecti­on des rues de la Ville ont indiqué souffrir de symptômes et s’inquiètent de l’exposition répétée aux produits utilisés. (Photo S. B.)
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