L’étude Discovery, des espoirs déçus ?
Le CHU de Nice participe depuis son lancement, le 22 mars dernier, à Discovery, l’essai clinique expérimental coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium français Reacting (« REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases »). Un essai dont les résultats sont très attendus, car si de multiples traitements contre le Covid-19 sont en cours d’évaluation en Asie, en Europe et aux États-Unis, il s’agit d’une des études les plus sérieuses, avec placebo. Tout en tempérant les espoirs – « A ce stade, il faut être très prudent, on n’a rien de concluant. On n’aura pas de traitement disponible dans 15 jours » – Emmanuel Macron annonçait lundi 4 mai que les résultats de l’essai clinique seraient connus le 14 mai. Mais, à cette date, ils n’ont toujours pas été publiés, et il semble acquis pour beaucoup qu’ils n’aboutiront… sur rien. Le Pr Carole Ichai, cheffe du pôle « anesthésie réanimation urgences » au CHU de Nice, n’est pas surprise. « Il a toujours fallu beaucoup de temps pour mettre au point des traitements antiviraux. Les virus composent une famille d’agents très différents ; on a encore beaucoup à apprendre du SARS-CoV-2, il n’est pas surprenant que les médicaments disponibles et ciblant d’autres virus (lire encadré), ne donnent pas de résultats satisfaisants. » Selon la cheffe de la réanimation, le contexte épidémique a poussé à aller très vite, incitant certains à sortir des clous. « L’idée de tester l’hydroxychloroquine n’était pas mauvaise, mais la médiatisation a eu des effets malheureux. » Comme beaucoup d’établissements, le CHU a permis un accès au traitement à titre compassionnel (hors essai clinique) à une dizaine de patients graves. «Ona dû interrompre le traitement pour 8 d’entre eux, suite à l’apparition de graves complications cardiaques. » Aujourd’hui, seuls deux patients hospitalisés à Pasteur participent à Discovery. « Concernant les patients inconscients, intubés, ventilés, il y avait trop de contre-indications à la participation à l’essai clinique. Et les patients conscients se sont opposés à la participation à cet essai ou n’acceptaient que l’hydroxychloroquine. »
Destiné à évaluer des traitements contre le SARS-CoV-, Discovery devait recruter patients en France et ailleurs en Europe, mais peine à atteindre son objectif. Il comporte cinq bras, c’est-à-dire que les volontaires seront répartis en cinq groupes, à qui un traitement différent doit être donné : de l’hydroxychloroquine (le médicament promu par l’infectiologue marseillais Didier Raoult) ; du remdesivir (récemment autorisé en urgence aux États-Unis) ; et une combinaison lopinavir/ritonavir, avec ou sans interferon bêta.
Cet essai randomisé ouvert (basé sur le principe du tirage au sort) est mené dans les règles de l’art : une fois recrutés, les patients reçoivent l’un des cinq traitements de façon aléatoire. Un groupe témoin, sans molécules mais pris en charge de façon classique (et si besoin avec ventilation) constitue le cinquième bras.