Nice-Matin (Cannes)

Olll : faute de vernissage un livre d’expo virtuelle

Ses vernissage­s ayant été annulés, l’artiste pop cannois Olivier Domin donnera accès demain, via sa page Facebook, à un catalogue digital de cent pages, reflet de son oeuvre récente

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Avec ses lunettes rondes et son sourire malicieux, sa bonhomie du Sud-Ouest et sa camaraderi­e de l’Ovalie, Olivier Domin, alias Olll, aurait dû écumer les galeries cet été. Ou les cimaises pour de prestigieu­ses exposition­s. Sans la crise sanitaire du coronaviru­s, Saint-Rémy-deProvence, Monaco, le Luxembourg ou la Belgique auraient dû accueillir ses oeuvres, mêlant pop, amour des stars de la musique ou du 7e art, démystific­ation du religieux, et tatouages de Russes mafieux. Annulé ! Le « portraitis­te » des présidents du jury au Festival de Cannes aurait dû aussi offrir son image reprograph­iée à Spike Lee, mais en mai, personne n’a pu faire ce qu’il lui plaît…

Autant d’icônes de notre monde contempora­in, auxquelles ce Cannois d’adoption (et de coeur, à tous les sens du terme puisque ce Narbonnais a suivi son épouse sur la Croisette) confère une nouvelle dimension esthétique, parfois un nouveau sens éthique. Avec beauté, fantaisie, humour ou humeur.

Une oeuvre sous confinemen­t ? « Jusqu’en décembre, toutes mes expos prévues sont annulées, car leur organisati­on est trop longue et coûteuse », regrette ce mec « bonnard » du pop art. « Mais j’ai trouvé un nouveau moyen de poursuivre mon activité et de faire partager mon travail. »

Les copains d’abord

À défaut de parcourir à nouveau la planète, Olll investit donc le Net, via un livre-catalogue digital.

Cent pages à tourner du bout du doigt, pour faire plus ample connaissan­ce avec l’homme et son oeuvre récente. En préambule, deux belles photos de lui, Olivier, pourtant peu habitué à se mettre en avant. Ni à voler la vedette de ses toiles. Car cet artiste-là n’a rien de cliché ! L’un de ces « noir et blanc » est signé de Nikos Aliagas, qui parle d’un « iconoclast­e ». « Nikos, je l’ai rencontré lors des vingt ans des NRJ Awards à Cannes, et c’est devenu un pote. C’est un mec profond, une belle personne avec qui j’ai vécu des moments simples et intimes. »

Le maire David Lisnard, lui, évoque la Marianne signée Olll qui trône sur un mur de l’hôtel de Ville, et lui rappelle chaque jour sa tâche sacrée d’élu du peuple, « son devoir républicai­n ». Sans oublier l’ours en peluche cloué sur une croix, comme une réminiscen­ce de son adolescenc­e, à la fois martiale et catéchiste, en pensionnat.

« J’y ai été de la 6e à la terminale, c’était très dur et comme on était des petits durs au rugby, avec les copains, on était collés tous les samedis. Mais même en prison, on a bien rigolé », se marre encore Olivier, dont le sweat avec l’inscriptio­n « Garde champêtre » ,ou « Narbonnais », témoigne d’un ton joyeusemen­t décalé.

Il y a aussi le journalist­e niçois Alain Marschall, cette grande gueule de RMC ou BFM qui est d’abord tombé sous le charme de Sophia Loren en 150x150 à Cannes, avant de lier une amitié solide avec l’auteur du tableau. « Même pendant le 20 heures de BFM, on s’envoie parfois des textos ! «, pouffe Olive, jamais à court de vanne.

L’art dans la peau

Des amis, et des oeuvres. Originales, ou en reproducti­on, que l’on peut estimer à la commande, « pour démocratis­er l’accès à l’art ».

Une vieille nonne qui fait un doigt d’honneur ; un Mickey guillotiné par une souricière ; un Christ qui saute à l’élastique depuis sa croix, une Lamborghin­i customisée par lui, l’ancien cadre marketing chez BMW, une mamie tatouée Forever 18, des vanités à l’effet papillon, Audrey Hepburn, Steve McQueen remagnifié­s, une geisha à fleurs de peau, ou encore Iggy Pop, bondissant d’un grille-pain rose fluo comme une tranche de pain dorée. Éclectisme, fantaisie, fascinatio­n, irrévérenc­e stylée, impertinen­ce tatouée, jusque dans ces portraits de criminels soviétique­s.

« Je ne cautionne pas ce qu’ils ont pu faire de mal, mais je respecte leur fidélité envers un groupe, un certain code de l’honneur ».

Il en va de même d’Olivier, qu’il soit seul à travailler dans son atelier du Suquet, ou bien à une bonne table pour partager le pot de l’amitié.

 ??  ?? Dans son atelier du Suquet, Olivier Domin foisonne toujours d’idées pour réinventer notre culture pop, redessiner un corps, démystifie­r un mythe ou redorer l’image d’une star à sa façon. (Photos DR et A. C.)
Dans son atelier du Suquet, Olivier Domin foisonne toujours d’idées pour réinventer notre culture pop, redessiner un corps, démystifie­r un mythe ou redorer l’image d’une star à sa façon. (Photos DR et A. C.)
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