Renault : l’exécutif n’a « pas encore signé le prêt »
Pour peser sur la décision du constructeur de fermer trois usines, le ministre de l’Economie a fait cette mise en garde. L’Etat est appelé à garantir un prêt bancaire de 5 milliards d’euros
Une aide de l’Etat à Renault sous conditions ? Le gouvernement a durci le ton face au constructeur automobile en détresse, réclamant des garanties sur le maintien de son activité en France et rappelant qu’il n’avait pas encore donné son feu vert à un prêt de 5 milliards d’euros crucial pour sa survie.
Les informations du Canard Enchaîné, selon lesquelles le constructeur envisagerait de fermer quatre sites en France – dont l’emblématique usine de Flins – dans le cadre d’un vaste plan d’économies, ont suscité une levée de boucliers jusqu’au sein du gouvernement.
« Flins ne doit pas fermer » , a martelé, hier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur Europe 1. « Nous attendons maintenant les propositions globales du président Jean-Dominique Senard sur son plan pour l’alliance Renault-Nissan et son plan pour Renault ».
Renault, avec ses alliés nippons Nissan et Mitsubishi, doit annoncer le 27 mai un plan stratégique pour l’alliance franco-japonaise, et le groupe français doit ensuite dévoiler le 29 mai les contours d’un plan d’économies de 2 milliards d’euros, annoncé en février. Le groupe au losange traverse une mauvaise passe : après avoir enregistré en 2019 sa première perte nette en dix ans, Renault s’est vu encore fragilisé par la crise du coronavirus qui a paralysé ses usines et son réseau. Ses livraisons européennes ont chuté de 79 % en avril.
« Renault joue sa survie »
Certes, l’État français – premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital – a volé à son secours en garantissant un prêt bancaire d’environ 5 milliards d’euros, approuvé par l’Union européenne. Mais il faut encore qu’il soit validé par Bruno Le Maire et un décret publié au Journal officiel. « Ce prêt, je ne l’ai pas encore signé », a insisté le patron de Bercy dans un entretien au Figaro, avertissant que « Renault joue sa survie ».
Le constructeur n’a pas commenté les informations du Canard Enchaîné. Selon une source proche du dossier, il ne s’agirait toutefois pas à Flins d’une fermeture mais de l’arrêt de la production automobile pour consacrer le site à une autre activité. « Ce qui nous paraît important, c’est de savoir quelle est la stratégie de long terme de Renault. (...) Comment est-ce qu’ils nous garantissent que demain, les véhicules électriques seront localisés en France ? », s’est interrogé Bruno Le Maire sur Europe 1.
Dans le même temps, son partenaire Nissan prévoit de supprimer plusieurs milliers d’emplois supplémentaires dans le monde, a affirmé, hier, l’agence de presse japonaise Kyodo News.
Après avoir déjà annoncé l’été dernier son intention de supprimer 12 500 emplois d’ici à mars 2023, un nouveau plan de redressement porterait ces coupes à 20 000 emplois, soit 15 % des effectifs mondiaux. Alors que la déflagration de la pandémie menace l’industrie automobile mondiale, Paris planche sur un plan de soutien spécifique au secteur : ce plan, attendu par la filière entière, sera annoncé la semaine prochaine par le président Emmanuel Macron.
Arbitrage ce week-end
Mais des contreparties sont attendues, a prévenu Bruno Le Maire dans Le Figaro : « Nous demandons aux constructeurs de prendre des engagements dans trois directions : le véhicule électrique, le respect de leurs sous-traitants et la localisation en France de leurs activités technologiquement les plus avancées. » « Toutes les aides que nous apportons aux entreprises doivent être orientées dans ces deux directions : la décarbonation de l’économie française et l’amélioration de sa compétitivité », a-t-il ajouté. Selon le quotidien économique Les Echos ,le gouvernement devrait arbitrer «ce week-end » sur d’éventuelles aides en faveur de véhicules thermiques en plus du soutien affiché aux voitures électriques et hybrides.