Nice-Matin (Cannes)

L’adieu poignant au directeur d’école

Bruno Delbecq s’est donné la mort dans la cour de l’établissem­ent de Saint-Laurent-duVar, laissant ceux qui l’ont connu, enfants, parents, personnel dans une immense tristesse

- STÉPHANIE GASIGLIA

Un mur et un parterre qui débordent de marques d’affection. Quelques bougies allumées. Et la tristesse des parents, des enfants et du personnel posée sur des mots, des dessins, des photos, scotchés au milieu d’une profusion de fleurs multicolor­es...

L’école primaire Ravet à SaintLaure­nt-du-Var s’est réveillée hier matin, prête à accueillir les enfants, après un douloureux weekend. Bruno Delbecq, son directeur apprécié de tous, a choisi de mettre un terme à son existence au coeur de cet établissem­ent scolaire qu’il aimait tant. Son corps a été découvert dans la cour de l’école, samedi matin. « Je t’aime beaucoup M. Delbecq » ; « Pour toujours dans nos coeurs » ; « Tu m’as fait aimer les mathématiq­ues » ; « Je me souviendra­i tout le temps de vous ».... Bruno Delbecq, 64 ans, était arrivé à Ravet en 2000. C’était sa dernière année scolaire. Il avait pris sa retraite. Une retraite synonyme de vide immense pour celui qui avait dédié sa vie entière aux enfants et à leur éducation.

« Un hussard de la République »

Au milieu de la petite cour, hier matin, un hommage lui a été rendu. « C’était un grand homme. Il avait deux passions : les élèves et cette école », chuchote le maire, Joseph Segura, face à tous ceux qui travaillai­ent au côté du directeur disparu : enseignant­s, médecin scolaire, animateurs... Mais aussi des directeurs d’autres écoles de Saint-Laurent-du-Var. Tous émus aux larmes. Tous sidérés par la nouvelle. « Du soir au matin. Du matin au soir, il vivait pour cet endroit », lâche encore l’élu. Sa voix s’étrangle : « C’est un moment terrible pour nous tous. Rien ne laissait prévoir son geste ». « On pouvait toujours compter sur lui. C’était un hussard à l’ancienne, un hussard de la République », témoigne une directrice d’école voisine. « C’est lui qui m’avait accueillie quand je suis arrivée il y a presque 20 ans », dit-elle encore. « C’était un grand monsieur. Ce grand monsieur à vélo, avec un noeud Pap' et qui avait toujours le sourire. Voilà l’image que l’on va garder dans nos mémoires », renchérit un enseignant.

Et les applaudiss­ent viennent faire vibrer la minute de silence.

« La violence de la souffrance »

Progressiv­ement, les enfants passent le portail. Petites mines. Ce n’était définitive­ment pas un lundi comme les autres. « Nous avons commencé à recevoir [Salle Ferrière] dès samedi, des parents et des enfants qui en ont eu besoin. On a mesuré la violence de la souffrance. Il faut entamer le travail de réparation », précise la médecin scolaire. Depuis hier matin, la cellule psychologi­que a migré au sein même de l’école. « C’est un moment inattendu, inacceptab­le. On est dans la sidération. N’ayons pas peur de montrer nos faiblesses pour la surmonter, n’ayez pas peur d’en parler et de vous faire aider », lance MichelJean Floc’h, directeur académique des services de l’éducation nationale des Alpes-Maritimes. Qui conclut : « L’essentiel c’est que les futures génération­s de cette école puissent bénéficier de la transmissi­on des valeurs républicai­nes qu’il avait chevillées au corps ».

 ??  ?? Le maire de Saint-Laurent et ses adjoints, l’inspecteur d’Académie, le personnel de l’école, parents et enfants, ont rendu hommage à Bruno Delbecq, hier matin. (Photos Eric Ottino)
Le maire de Saint-Laurent et ses adjoints, l’inspecteur d’Académie, le personnel de l’école, parents et enfants, ont rendu hommage à Bruno Delbecq, hier matin. (Photos Eric Ottino)
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