Drogue : un réseau de villageois devant la justice à Draguignan
Une dizaine d’hommes. Pour la plupart quinquagénaires ou sexagénaires. Ils comparaissent depuis hier devant le tribunal correctionnel de Draguignan, pour un procès de trois jours. Deux d’entre eux sont dans le box, en détention provisoire, les autres sont libres sous contrôle judiciaire, porteurs parfois d’un bracelet de surveillance électronique. Il leur est reproché d’être impliqués, à des titres divers, dans des trafics de résine de cannabis et de cocaïne, au départ de Marseille et La Ciotat et à destination de Brignoles et Le Val, entre octobre 2016 et mars 2018. La plupart d’entre eux ont reconnu la matérialité des faits, mais ont indiqué qu’il ne s’agissait que de partager des moments agréables, lors d’une consommation « festive ». L’enquête a mis en évidence un petit trafic local, concernant une centaine de personnes, et s’est notamment intéressée à la clientèle d’un bar du Val.
Elle était partie d’un renseignement recueilli par la gendarmerie de Brignoles, au sujet d’un kinésithérapeute appréciant la cocaïne, et qui avait vendu sa voiture à son fournisseur. Consommateur de longue date, ce praticien a indiqué qu’il achetait sa drogue auprès d’un éboueur, mais aussi d’un maçon et d’un bûcheron, connus au bar du village.
Réseau de relations de comptoir
Adam Benbrick a confirmé à l’audience qu’il étoffait son salaire de collecteur de déchets en revendant, avec 25 % de bénéfice, principalement du cannabis et de la cocaïne qu’il se procurait à Marseille.
Ce qui lui permettait de financer son goût pour les paris sportifs et le poker en ligne. Ce surplus lui avait également servi pour racheter la voiture du kiné. Parmi les relations d’Adam se trouvait Laurent Colas, un ami, qui se fournissait également à Marseille.
Ils se partageaient les « bonnes adresses » à Marseille et Adam l’avait « dépanné »une fois en cannabis.
Ce que n’a pas contesté Laurent. Pas plus qu’il n’a contesté ses activités de trafiquant. Sans entrer dans les détails.
Michael, le maçon, faisait aussi partie des clients d’Adam. Il a convenu qu’il revendait la cocaïne qu’il lui fournissait, et qu’il se servait parfois en cannabis auprès de Laurent. Il avait pour ami Philippe, le bûcheron, qui vendait également de la cocaïne.
Robert a subi un an de fermeture administrative de son établissement au Val. Il a convenu avoir « occasionnellement » acheté de la cocaïne à l’éboueur, au maçon et au bûcheron, mais a contesté que les transactions se déroulaient dans son bar.
Le tribunal interrogera aujourd’hui les autres protagonistes d’une filière, venant cette fois de La Ciotat. Le procureur prendra ses réquisitions dans la foulée.