Nice-Matin (Cannes)

Palmiers : le charançon rouge n’était pas confiné...

Le ravageur, identifié en 2006, a continué sa sinistre besogne ce printemps. C’est plus que jamais le moment de traiter pour sauver ces arbres si emblématiq­ues de notre départemen­t

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Le confinemen­t, il ne l’a pas connu, lui ! Identifié en 2006, dans les pays de l’arc méditerran­éen, le charançon rouge, grand dévoreur de palmiers, poursuit sa sinistre besogne. Ses larves grignotant le coeur de leur hôte, puis devenues matures, s’envolant sur le palmier le plus proche pour pondre à leur tour. Ce sinistre envol dure de mars à novembre. Un cycle infernal qui a abouti en quatorze ans à la destructio­n de milliers de palmiers, essentiell­ement des phoenix canariensi­s, touchés dans des parcs publics, le long des artères ou dans des propriétés privées. Et, on ne compte plus les individus malades. Particulie­rs, copropriét­aires... si vous avez la chance de posséder un ou plusieurs palmiers dans votre jardin, c’est plus que jamais le moment de veiller au grain. Les beaux jours sont là, et les spécialist­es rappellent l’obligation de traiter préventive­ment. Durant le confinemen­t vous avez eu le loisir d’observer attentivem­ent tout signe indiquant une possible atteinte. Palmes cassées ou présentant des encoches ? Affaisseme­nt anormal de la frondaison ? Attention, ce sont les premiers symptômes de l’infection. On peut alors encore sauver le palmier, tant que son bourgeon terminal n’est pas atteint. Il faut le traiter et empêcher ainsi la propagatio­n du ravageur vers d’autres sujets. Comment agir ? Faire appel à l’une des personnes ou entreprise­s habilitées à intervenir et répertorié­es par la préfecture. Tous ont suivi une formation certifiée (1).

Les intervenan­ts sont rodés aux gestes barrières et de la distanciat­ion pour lutter contre le coronaviru­s. Ils ont travaillé même durant le confinemen­t. L’examen par le spécialist­e déterminer­a l’interventi­on à adopter : assainisse­ment, traitement curatif ou, hélas abattage. Autant de démarches cadrées par l’arrêté ministérie­l de 2010, modifié par celui de 2019, qui a rendu obligatoir­e la lutte contre le charançon rouge sur le territoire. Chacun doit notamment signaler auprès des services de la mairie tout palmier infesté.

Lutte toujours désorganis­ée

La lutte reste cependant désorganis­ée. Aucun cadre au niveau national n’a été arrêté. Et les propriétai­res privés sont perdus ! Certaines communes ont fait le choix d’une action collective, au sein des communauté­s d’agglomérat­ion ou juste sur leur territoire. Dans tous les cas, il s’agit de traiter à la fois palmiers publics et privés par le biais de plateforme­s qui proposent aux particulie­rs de bénéficier d’un traitement préventif régulier, payant bien sûr. C’est le cas de Grasse et de Vence, par exemple, via Palmiers 06. La Casa (Communauté d’agglomérat­ion de Sophia Antipolis) a développé le système de piégeage à grande échelle pour les particulie­rs. Mais, certaines de ses communes ont opté pour la lutte collective.

Bref, on est loin encore de la «mobilisati­on générale » pourtant prônée.

S’ajoute une polémique sur le choix des traitement­s. Pour certains, réunis au sein du collectif méditerran­éen pour la sauvegarde des palmiers, pas de salut sans traitement phytopharm­aceutique. Plusieurs communes et communauté­s d’agglomérat­ion ont ainsi opté pour l’émactine benzoate. Le produit est directemen­t injecté dans le stipe (tronc) du palmier. (2)

D’autres, comme Nice, ont fait le choix du traitement bio. Là, c’est un insecticid­e composé de certaines souches du champignon beauvaria bassiana qui est pulvérisé.

Les profession­nels agréés par la préfecture sont répertorié­s en deux catégories : ceux autorisés à utiliser les produits phytopharm­aceutiques et les autres qui ne sont pas autorisés à les utiliser mais peuvent employer des nématodes (vers parasites du charançon rouge) pour le traitement préventif. Tous sont habilités à abattre les palmiers trop atteints. Aux particulie­rs, donc de faire leur propre choix. Pas si simple. Même si, face à l’absence de cadre fixé par l’État, la lutte est désorganis­ée, ce qui est certain, c’est qu’il vaut mieux un traitement, quel qu’il soit, que rien du tout.

1. http://draaf.paca.agricultur­e.gouv.fr/

2. L’usage de produits phytopharm­aceutiques de la famille des néonicotin­oïdes est interdit.

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En , l’Agent Crachoir ne craint pas de s’exposer « à tout microbe et à la tuberculos­e. » DR
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(Photo archives Nice-Matin) Les palmiers, symbole de la Côte d’Azur, vont-ils disparaîtr­e, peu à peu du paysage ? Une vigilance et un traitement préventif s’imposent, même en période de confinemen­t.

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