Nice-Matin (Cannes)

Yann, infirmier à l’hôpital et sapeur-pompier

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Dix ans d’hôpital au compteur et un salaire de  euros, nuits et weekends inclus. Séparé de sa compagne, et papa de deux jeunes enfants de  et  ans, Yann,  ans, infirmier en réanimatio­n, n’est pas contraint de dissimuler son autre activité, puisqu’il s’agit d’une des rares tolérées : il est infirmier sapeurpomp­ier (ISP) volontaire. « C’est une passion, mais c’est aussi une nécessité pour vivre. J’ai besoin de ces gardes. Sans elles, ce serait très compliqué… » Depuis sa séparation, Yann est retourné vivre dans sa famille. Il n’a pas le choix. « Je quitte la maison à  h  et je rentre à  heures. Et pendant quatre mois dans l’année, je travaille de nuit. Impossible de payer une nounou ou la crèche. Le soutien de ma famille est essentiel. Sans elle, je serais obligé de changer de métier. Ce que je ne souhaite pas. »

« On a répondu présent »

Des journées à rallonge, un métier épuisant autant physiqueme­nt que psychologi­quement – «Onest confronté à la souffrance, à des décès, à la douleur des familles… » – et un manque de reconnaiss­ance de la part des instances nationales de santé qui l’attriste profondéme­nt. « La France, qui figure parmi les pays les plus puissants du monde, se retrouve au bas du classement concernant les salaires de ses soignants. C’est difficile à accepter. On ne demande pas des mille et des cents… juste de quoi vivre. Certes, on n’est pas à Paris, mais la vie est très chère aussi sur la Côte d’Azur ; impossible de se loger, à moins de  ou  euros par mois. »

Si Yann déplore ces années à manifester sans rien obtenir, il veut garder espoir pour l’avenir :

« Souhaitons que ce grand malheur que nous venons de vivre aura au moins ouvert les yeux sur nos efforts et les charges qui pèsent sur nous. On a répondu présent. Qu’on nous encourage. Stop aux restrictio­ns budgétaire­s, à la diminution des lits. »

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Sans ma famille, je serais obligé de changer de métier ”

« Juste profiter unpeudelav­ie»

Comme ses collègues, Yann en a marre de se restreindr­e sur tout. Même s’il n’envisage pas une modificati­on des conditions de travail à court terme, il espère au moins que sa profession obtiendra une revalorisa­tion salariale qui saura récompense­r son investisse­ment et les responsabi­lités qui lui sont dévolues. « On n’aspire pas à une vie de pacha. Juste, à la fin du mois, de pouvoir un peu profiter de la vie… »

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