Nice-Matin (Cannes)

Une Niçoise lance un panier à dons pour susciter la vague de solidarité

-

Pour aider les plus précaires, une citoyenne a installé une grande caisse place Garibaldi. Le principe est simple : on y dépose pâtes, conserves, fruits, produits sanitaires… et ceux qui sont dans le besoin se servent. Elle espère que cet objet déclencher­a un élan solidaire pour répondre à l’urgence sociale générée par la crise.

« Qui peut donne, qui a besoin prend. » Les lettres rouges peintes au pochoir sur une caisse de récupérati­on s’affichent en grand, place Garibaldi.

Devant les arcades du Monoprix, difficile de passer à côté de ce grand panier solidaire posé au sol. Les passants y déposent boîtes de conserve, pâtes, boîtes de lait bébé, savons… Régulièrem­ent les dons arrivent. « Dès qu’on la remplit, c’est vidé, ça fonctionne » se félicite celle que nous appelleron­s Hevas, à sa demande. Car cette Niçoise d’une soixantain­e d’années à l’origine de cette initiative tient à garder l’anonymat. « Je ne cherche pas à être mise en avant. Ce qui compte c’est d’aider les plus démunis, les familles dans le besoin, qui ont du mal à nourrir leurs enfants depuis qu’ils ne vont plus à la cantine. »

En circulant pour son travail dans le centre-ville de Nice, elle a été frappée par le nombre de SDF dehors. «J’aieu l’idée du panier solidaire en découvrant qu’il avait été lancé à Marseille. Je n’ai rien inventé. »

Mais elle passe à l’action. Prend le temps de récupérer des caisses, et de préparer le panier. Pour transporte­r la caisse, elle fait appel à des amies. Puis elles la déposent sur cette place au coeur de la ville. « On a choisi cet endroit parce qu’il est assez large, qu’on a de la place pour circuler et que c’est fréquenté. »

Des amies l’aident aussi à relayer l’info sur les réseaux sociaux. Et le bouche-à-oreille joue. « Spread the word ! Make it as viral as coronaviru­s (Passez le mot ! Rendez l’initiative aussi virale que le coronaviru­s) ! », invite ainsi Valérie sur Facebook.

Attirer le regard et susciter la générosité

J’ai choisi cet emplacemen­t pour la visibilité : toucher les gens afin que ça crée une vague de solidarité et donner de Nice une image qui soit associée à un geste solidaire.

« On dépense de l’argent pour des survols en drone, et pour les organisati­ons caritative­s ? »

Dans ce quartier aux portes du Vieux Nice, elle dispose aussi d’un réseau d’amis prêts à alimenter régulièrem­ent ce panier solidaire.

« Les  premiers jours je suis revenu voir si tout se passait bien, si la caisse n’avait pas été enlevée. » L’accueil est bon. A une exception près.

« Une dame d’environ  ans, très BCBG, m’a interpellé­e en me disant : “C’est interdit. Et puis si moi aussi je dis que j’ai besoin, je peux prendre ce que je veux !” C’était une façon de me faire remarquer que les profiteurs pouvaient récupérer de la nourriture. »

Pas de contrôle

Isabelle connaît les limites de cette initiative. L’absence de contrôle des bénéficiai­res. « Je ne suis pas là pour vérifier qui vient récupérer des dons. Des gens qui cherchent à tirer profit, il y en aura toujours, mais chacun selon sa conscience. »

Elle marque une pause, avant d’ajouter : «Çanedoitpa­s nous empêcher d’agir, d’être solidaire. »

Et c’est bien le rôle de cet objet. «Cequipartt­rèsvitece sont les savons, les produits pour les petits, couches bébés… »

Et demain ?

« J’espère que cette initiative sera “imitée” dans d’autres quartiers, d’autres villes, pour aider ceux qui sont dans le besoin. J’ai proposé au Monoprix d’y déposer ses invendus, ce serait bien.

Et puis finalement, ça profite à tout le monde, y compris au supermarch­é car parmi les gens qui viennent faire leurs courses, certains dépensent un peu plus pour faire des dons. »

Une semaine après avoir déposé le “panier solidaire” place Garibaldi, elle a été contactée pour en installer ailleurs. « Je n’ai pas le temps, mais je serai disponible pour un soutien pratique et logistique. » Car elle a prévu de s’engager, donner son temps à des associatio­ns caritative­s. « Ils en ont besoin, ils manquent de volontaire­s. » Face à l’urgence sociale provoquée par la crise sanitaire du coronaviru­s, elle veut être au rendez-vous de la solidarité.

 ??  ?? Cette Niçoise d’une soixantain­e d’années a préféré rester anonyme : « Je ne cherche pas à être mise en avant. »
Cette Niçoise d’une soixantain­e d’années a préféré rester anonyme : « Je ne cherche pas à être mise en avant. »

Newspapers in French

Newspapers from France